Pierre Devaud ne cite que deux fois le ou les noms de ses camarades qui l’ont accompagné pendant la première guerre de Vendée.
La première fois c’est après la bataille de Châtillon du 5 juillet 1793 et il nous livre une info intéressante :
« Le capitaine Clochard du Pavillon [1] a été thué a cette bataille de deux coups de fuzits différant, je lai vue morts.
Ce capitaine fut le premier nomé capitaine des Cerqueux pour le roi, il fut nomée un dimanche à la porte de l’église des Cerqueux. Avant de prendre la ville de Fontenais le Comte, niavet point de capitaine dans les paroisses, le monde allet de vollontet, il liavet une commitet par commune. »
Pour mémoire, la prise de Fontenay-le-Comte du 25 mai 1793 avait été précédée d’une sévère défaite le 16 mai. Peut-être cette défaite a-t-elle rendu nécessaire la mise en place d’une hiérarchie paysanne « a minima » afin d’éviter que chacun fasse selon sa volonté comme l’écrit Pierre Devaud. « le monde allet de vollontet » S. Canuel, lieutenant-général des armées du Roi nous livre des informations intéressantes sur le rôle des Capitaines de Paroisse.[2]
« Les divisions se composent de vingt ou trente paroisses, plus ou moins, en raison des localités. Chaque paroisse, à laquelle on peut donner le nom de compagnie, est commandée, selon sa population, par un ou deux capitaines choisis par les paysans. C’est toujours le plus intelligent et le plus brave qui obtient la préférence. Il est rare de voir de mauvais choix.
Les capitaines ont sous leurs ordres un lieutenant ou capitaine en second, et des sous-officiers en nombre indéfini ; comme ils ne touchent point de solde, on ne craint pas de multiplier ceux qui sont en grade.
Le capitaine de paroisse est celui de tous les officiers de l’armée, sans exception, qui a le plus d’influence ; s’il ne voulait pas marcher, il est presque certain que sa paroisse imiterait son refus. Dans le combat, si le capitaine se retire, sa compagnie le suit, et ce funeste exemple gagne de proche en proche toute l’armée. Alors chacun s’enfuit et rentre chez soi. (…)
Ainsi, le capitaine ne tire sa force que de la confiance qu’ont les soldats dans tel ou tel chef. Si, par exemple, M. de La Rochejaquelein fait un appel aux armes dans la contrée sur laquelle s’étend son influence, les capitaines de paroisse lui servent d’échos, et répètent ce cri, qui est entendu de tout le monde ; mais avant tout on se demande : Qui est-ce qui nous appelle ? Et pour qui nous appelle-t-on ? C’est M. de La Rochejaquelein ; c’est pour le Roi. Cela suffit, tout est debout. Alors seulement, le capitaine devient un homme important. «
La seconde fois, Pierre Devaud nous confie quatre noms de plus : « Il ce fit a Mazière un rasanblement un conceil général pour formé les loix dans la Vandée il fut conclue que dans chaque paroisse il auret 2 compagnie formé d’un capitaine et un lieutenant, aux Cerqueux furre en plase Jean Devaud capitaine promié et Jacques Goillot lieutenant de la promière compagnie jaitais le promié soldat après eux. De la segonde compagnie Louis Rioteau capitaine et Louis Drouet lieutenant ses deux compagnie formes 80 homme 40 homme par compagnie »
En même temps, il nous indique que la paroisse des Cerqueux mobilisait environ 80 soldats. Bien sûr pas en permanence et il est connu que dans les cas de paroisses identiques, seule la première compagnie est bien équipée et combattante, la seconde étant essentiellement là pour faire « nombre ».
Ces 6 noms (Pierre Devaud plus ceux qu’il cite) ne représentent donc pas l’intégralité des combattants Vendéens des Cerqueux. Qui étaient les 70 ou 80 autres ?
Il est très difficile de dresser des listes exhaustives de soldats ou de disparus des guerres de Vendée. Les difficultés rencontrées sont souvent insurmontables en raison des spécificités de cette guerre. Les registres paroissiaux ou d’Etat-civil ne sont guère utilisables. Soit ils ne mentionnent qu’une partie des victimes de la virée de Galerne ou des colonnes infernales par exemple, soit ils sont carrément inexistants ou disparus dans la tourmente.
Les demandes de pension des soldats blessés pendant les hostilités ou des veuves permettent aussi un recensement mais excluent de cette recherche les soldats décédés naturellement entre 1794 et 1815.
Les listes de fusillés des commissions Bignon [3] fournissent aussi des listes de noms à l’orthographe parfois douteuse ou erronée.
Enfin, les noms et paroisses d’un certain nombre des soldats tués au combat figuraient sur un monument dans le cimetière du Pin en Mauges. Malheureusement, ces noms ont été martelés à la fin du XIXème siècle et ont donc maintenant disparu.
Malgré ces difficultés, j’ai pu retrouver environ 80 noms de combattants Vendéens auxquels s’ajoutent une dizaine de civils exécutés pendant cette période. Le nombre de soldats tués s’établit à 50, ce qui est un minimum compte-tenu des lacunes et des difficultés rencontrées. Ce chiffre reste dans tous les cas bien supérieur aux 31 morts de la guerre 1914/1918, souvent qualifiée de boucherie ou d’hécatombe.
Les noms ci-dessous sont classés alphabétiquement. Un clic sur chacun donne accès à sa fiche.

A : AYRAULT Pierre Marie, AYRAULT Louis, AYRAULT Jean-Christophe

B : BARBARY PierreBREGEON ou BERGEONBONIN Jean-AntoineBOUCHET JacquesBRISSEAU Jean-FrançoisBREBION JosephBROUARD André-GervaisBROUARD FrançoisBROUARD François MartinBROUARD LouisBROUARD PerrineBUTTY Louis

C : CHABOLLE JeanCHARRIERCHAUVEAUCLOCHARD (Capitaine)CLOCHARD François – CLOCHARD Louis – COCHARD JeanCOCHARD Jean-JosephCOCHARD Louis – COCHARD Pierre – COCHARD PierreCOCHARD PierreCOUSINET JeanCOUSINET Pierre – COUTELEAU Jean

D : DENIAU Marie-AnneDENIAU PierreDENIAU PierreDEVANNE AlexisDEVAUD Jacques – DEVAUD Jean-BaptisteDEVAUD Pierre DROUET François-Jacques – DROUET LouisDROUET LouisDROUET PerrineDROUET Pierre-MelaineDUHOUX Pierre

G : GABILLY JeanGABORIAU PierreGEAI PierreGINCHELEAU MathurinGIRARD FrançoisGIRARD JosephGODIN JeanGODIN LouisGODIN PierreGOILOT JacquesGOUPIL JeanGROLLEAU Pierre-FrançoisGROLLEAU Pierre ROULEAU

H : HUDON François

J : JOUAUD Jean-François

L : LEVEILLE LouisLOGEAIS Jean-Baptiste

M : MARET RenéMAROLLEAU JeanMENANTEAU LouisMESCHIN JosephMICHAUD FrançoisMICHEL Joseph – MICHEL Marie-Jeanne

O : OLIVIER FrançoisOLIVIER JeanOLIVIER Pierre

P : PAPIN PierrePENAULTPILET Louis

R : RABIER Marc-René – RENAUDIN Jean-BaptisteRENAUDIN Marie-RoseRENNETEAU Jean-BaptisteREVOT JeanRICHARD LouisRIOTTEAU LouisROUX Pierre

S : SIMONNEAU LouisSUPIOT Marie-Magdeleine

T : THOMAS JacquesTHOMAS JeanTOUZY Louis

V : VITET François

 Je dispose de 4 autres noms que je laisse en suspens car je n’ai pu les retrouver dans les registres. Il s’agit de René Brouard, tisserand, disparu outre-Loire, Devau, Reulier et Vincendeau. (Les 3 derniers figuraient sur le monument du Pin en Mauges)
[1] Le Pavillon est un village de Saint-Aubin, adjacent au château de la Sévrie, situé en réalité quasiment sur la frontière entre Saint-Aubin et les Cerqueux.
[2] Mémoires sur la Guerre de la Vendée en 1815, par M. S. Canuel, lieutenant-général des armées du Roi, Paris, Dentu, 1817, introduction pp. XXI-XXIII
[3] La commission Bignon a été établie au Mans le 24 frimaire an II (14 décembre 1793. Elle a pour charge de juger sur-le-champ les rebelles pris les armes à la main. En cinq mois, elle prononce 2 919 condamnations à mort dont 661 en trois jours à Savenay et 1 948 à Nantes du 9 au 30 nivôse an II (29 décembre 1793-19 janvier 1794). Sa manière de procéder est des plus expéditives : les prisonniers défilent devant leurs juges sans interruption. Il ne leur est demandé que leur identité ; ensuite, reconnus coupables d’avoir porté les armes contre la République, ils sont condamnés à mort et exécutés dans les heures suivantes. L’état des prisonniers jugés à Nantes par la commission Bignon du 9 au 28 nivôse an II et du 2 au 9 pluviôse an II donne l’ordre exact de passage devant la commission. Ces listes établies quotidiennement sont très sommaires -nom, prénom, âge, lieu de naissance- mais révèlent un certain souci d’ordre.