Le château de la Sévrie, qui, de temps immémorial, avait appartenu à la paroisse des Cerqueux de Maulévrier, a été détaché de l’Anjou lors de la création des départements et se trouve aujourd’hui en Deux-Sèvres, à moins de 400 mètres des limites du Maine et Loire. […] Nous n’hésiterons donc pas à revendiquer comme de notre patrimoine Angevin cette grande demeure qui a laissé tant de traces dans l’histoire régionale.
La Sévrie, qui tient son nom du voisinage de la Sèvre, s’aperçoit de loin, sur un haut plateau dominant la région, et de larges chemins, en longues lignes droites, anciennes avenues seigneuriales, rayonnent au pourtour.
La Sevrie
Le château était, à l’origine, un vaste quadrilatère entouré de larges douves, avec tours d’angles et pont-levis. L’un des côtés a totalement disparu ; le reste de l’œuvre a souffert –injures du temps, injures de l’homme- mais garde encore une très grande beauté. Les tours qui s’élevaient aux deux extrémités de la façade sont presque complètement ruinées.
Construit en bon et solide granit du pays, le château semble bien avoir été presque entièrement reconstruit au XVIème siècle et le grand portail d’entrée est particulièrement remarquable : orné d’un appareil en bossage, partagé en trois tableaux par les rainures de son pont-levis disparu, cet admirable portail, qui est presque un arc triomphal, séduit par l’équilibre DSC00993parfait de ses proportions. On voit encore sur ce portail les armoiries des seigneurs, les Puy du Fou : de gueules à trois macles d’argent, posées 2 et 1, au croissant montant de même posé en chef, surmontées d’une couronne de marquis.
Tout mutilé qu’il soit, transformé de longue date en exploitation agricole, ses douves encombrées de végétation, le château de la Sévrie est de ceux qui s’imposent au souvenir du visiteur et qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, entreprendre de sauver…
DSC00996Connu dès au moins le XIIème siècle, (Son chartrier est conservé aux Archives départementales de Maine et Loire), il appartint jusqu’au XVème siècle à la maison féodale des Cerqueux et entra dans celle des Du Puy du Fou par le mariage de Jean du Puy du Fou avec Jeanne des Cerqueux.[…]
Au début du XVIIIème siècle la Sévrie verra les famille de La Haye-Montbault puis Jameron succéder aux Puy du Fou.
La révolution sonnera le glas de cette puissante demeure qui cessera alors d’être, comme on disait autrefois, « habitée noblement ». Finies les chasses à courreDSC01003 empruntant au galop les longues avenues, finies les fêtes dans le grand embrasement de la Révolution.

 

André Sarazin dans «Pierres qui meurent en Anjou » septembre 1970
 

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