Extraits du « livre de la Gere » de Pierre Devaud :

 

Le 10 Août 1792, la populace parisienne attaque les Tuileries et Louis XVI se réfugie auprès de l’Assemblée nationale qui en profite pour le suspendre de ses fonctions.

chateau de bressuire

Château de Bressuire

Le 12 Août 1792, la famille Royale est internée au Temple. Suite à ces évènements, le bocage Angevin, Poitevin et Vendéen bourdonna comme un essaim de guêpes. Dans de nombreuses communes, l’hostilité entre patriotes et le reste de la population s’accentua. Des rassemblements, des rixes, eurent lieu. Delouche, maire de Bressuire, se querella avec des patriotes, prétendit déclarer la loi martiale pour les empêcher de nuire, fut expulsé de la ville et se réfugia à Moncoutant. Le 19 Août, il rameuta les paysans.

« J’ai partie le 22 du mois d’août 1792 dont jaie prie les armes, nous somme asanblé aux Aubiers sous les ordres de monsieur de Callais, il nous a conduit à Bressuire et nous somme batu avec les Bleu, nous les avont fait antré dans la ville et il ont fermée la porte sur eux… »

A mesure qu’ils se dirigent vers Bressuire, les rangs des insurgés grossissent de gens accourus de toute la région. 40 paroisses, de Moncoutant à Maulévrier sont en état d’insurrection, soit 6 à 10 000 hommes. Ceux des Aubiers, Nueil et des Cerqueux sont commandés par Savary de Calais de Puy-Louet.

« nous avons été jusque aux mur, les portes fermé il a fallu resté le lont des mur le restant du jour, il nous étet impossible de nous y autet, la nuit étant venue nous somme retourné chaquin chez soi »

Vers midi, le jeudi 23 août, les hommes de De Calais lancent l’assaut à la porte Labâte. Les insurgés, accueillis par la fusillade, ne pouvant riposter et gênés par un très fort orage, ne peuvent franchir les murs.

« Et après il a fallu ce cachez lontent et poind de pains »

Devant la répression brutale des patriotes et la chasse aux rebelles dans les campagnes alentour, l’insurrection ne se lèvera pas de sitôt.

En mars 1793, pour échapper à la conscription et pour éviter les patrouilles de la Garde nationale, une soixantaine de jeunes gens s’étaient cachés dans le Bois de Saint-Louis à Yzernay. Pierre Devaud :

« Le 11 mars 1793, je reprie les arme pour me battre, comme étant fuyand nous parcourions les villages des Cerqueu et Saint-Aubin de Baubignier et Yzernais et nous fîme un rasemblement dans le bois de Saint-Louis ».

Sortant de leur repaire, armés de faux, de triques, ayant quelques fusils de chasse, ils marchèrent sur Maulévrier, où ils chassèrent la Garde Nationale et réussirent à s’emparer de 40 fusils. Le lendemain, le 13 mars, les vainqueurs de ce coup de force étaient devenus légion, plus de 500 réunis dans le bourg d’Yzernay.

Le mercredi 1er  mai 1793, Pierre Devaud était à Argenton-Château avec la Grande Armée Catholique et Royale.

« A Arganton Château javont attaquer les Bleu et jont prie cette ville et prie 600 hommes prisonnié et thuez 100 homme et prie tout ses canons et leurs bagages sans perte dauquin homme. Jont prie la route de Bresuire par Sanzais, la Coudre, Saint Aubin du plaind, là les Bleu ont prie la fuitte sur Thouars, jont dont prie Bressuire sans donné un coup de fusils »

Bressuire n’est qu’à 20 kilomètres. Informé de l’intention des chefs vendéens, le Général Quétineau, qui dispose de 4 000 hommes, juge Bressuire indéfendable et ordonne le repli sur Thouars, ville mieux fortifiée.

henri

La Rochejaquelein

Le Dimanche 5 mai, La Rochejaquelein et Lescure arrivent devant le pont de Vrines, près de Thouars. Seule une passerelle, faite de deux troncs d’arbres, subsiste encore. Quétineau a posté là 2 000 hommes et trois pièces de canon prennent le pont en enfilade. De rive à rive, la fusillade s’engage et se prolonge pendant 4 heures.

Pierre Devaud y était aussi :

« A Vrine, les Bleu voullais coupez le pond pour nous fermée le passages, la nous somme battue toute la matinée parce que nous avion poind de canon darivé. Sur les dix heures il nous ai venue des canon et du troiszième coup de canon que nous avons tiré il ont prie la déroutte jusque a Thouars »

Le soir, Thouars est prise avec 4 000 prisonniers. La Grande Armée y restera jusqu’au 9 mai avant de prendre la route de Fontenay le Comte.

Après un premier échec devant Fontenay le 16 mai, les Vendéens seront vainqueurs le 25 mai. Pierre Devaud raconte :

« de la Forais à Saint Merseaux, de Saint Merseaux à Saint Pierre du Chemin, de Saint Pierre du Chemin à la Tardière, de la Tardière à la Chatenerais, la il a hue une affaire, nous somme tombé sur les Bleu, nous ont thué plusieurs d’entre eux. De la nous les ont poursuivez jusque à Fontenais le Comte, la nous somme battu devant cette ville, nous les ont batu et prie deux mille prisonnié et trente pièce de canon, des caisse et bagage et autre munision de gerre et de bouche, et nous les ont poursuivez trois lieu sur la route de Niort »

L’armée Vendéenne va quitter Fontenay. La plupart des paysans sont retournés dans leurs villages, racontant partout leurs victoires, faisant connaître leurs chefs et popularisant l’insurrection jusqu’au fin fond des campagnes.

Pierre Devaud  repartira quelques jours plus tard car il participera à l’attaque et à la prise de Saumur, du 7 au 9 juin 1793 :

« De Vihiers au pont de Termont et à Concourson, la nous ont trouvezles Bleu, nous les ont batu et repoussé à Douai, jusqu’à un card de lieu de Saumeur, nous ont prie deux pièce de canon et trois cents charrio chergé de fait de gèrre et prie cinq à six cents prisonnié et autant de morts, des notres nous ont perdu une cinquantaine d’homme tent morts que blessés.
Lavangarde de Saumeur ai venu, nous nous somme batu et avons repoussé lavangarde, nous les ont batu et prie quelque centaine de prisonnié et thué quatre cents Bleu, nous avons perdu cent homme tent blessé que mort.
Sur les cinq heures du soir, nous repousime le camp des moulins à vant, et notre collonne entrait par ce chemin dans cette ville.
Nous portime du renfort par le pond Fouchar et nous pumes les repoussé que deux heures après minuit, nous nous batime toute la nuit avec ceux qui étaient dans le château, ils ce sont rendu sur les huit heures du matin avec erme et bagages. Cette prise a couté la vie a bien des hommes.
M. du Manier (Dommaigné), général ant chef de la cavallerie des notre, ai mort, il a été regrettet, la prise de cette ville a évallué plus de dix millions d’argent. On est resté à Saumeur avec Hanrie de la Rojaclain pendant quinze jours, et après il nous a fait partir par Varain, Douai, Concourson, Vihiers, Somloire et les Cerqueux »

Comme tous les soldats-paysans de cette guerre, Pierre Devaud revient chez lui, à Boisdon, pour « faire les foins ».

Le 2 juillet 1793, le tocsin sonne à Saint-Aubin, Les Cerqueux, Yzernay, Saint-Pierre des Echaubrognes. Westermann avance de Bressuire vers Châtillon sur Sèvre.

La Rochejaquelein, qui revient de Saumur avec un peu moins de 4 000 hommes rejoint Lescure. Avec des forces disproportionnées, ils essaient de défendre les hauteurs du Moulin aux Chèvres, en avant de Châtillon. Le choc est violent. Enfoncés, les paysans se sauvent. A sept heures du soir, le 3 juillet, les Bleus occupent Châtillon.

Mauleon

Porte du château de Châtillon. (Mauléon)

Le 5 juillet, les soldats-paysans, regroupés, reprennent possession de Châtillon.

« Des Cerqueux à Yzernais, de Maulévrier à La Tessoualle, de Loubliande à la Chapelle Argaux et de la Chapelle Argaux au Temple et du Temple à Chatillion, là nous ont batu les Bleu, il était dix mille hommes, nous ant non thué quatre mille et le reste de leur armée fait prisonnier card nous avont tout prie et thué, nous avons hue tout le bagage de leur armée, canon, caise, caison, munition de gerre et de bouche, nous ont tout prie.
Des notres jont perdu auzanviron de cinquante à soixante homme tent morts que blessés. Le capitaine Clochard du Pavillon a été thué a cette bataille de deux coups de fuzits différant, je lai vue morts.
Ce capitaine fut le premier nomé capitaine des Cerqueux pour le roi, il fut nomée un dimanche à la porte de l’église des Cerqueux. Avant de prendre la ville de Fontenais le Comte, niavet point de capitaine dans les paroisses, le monde allet de vollontet, il liavet une commitet par commune. »

Plus de 3 700 républicains furent tués à Châtillon ce jour là et plus de 3 200  furent faits prisonniers. Lescure  a ordonné d’enfermer 300 prisonniers. Au lieu d’obéir, les paysans les égorgent. S’égarant par des chemins impénétrables, les Bleus sont poursuivis, assommés et tués à coups de pierres et de fourches, par les femmes et les enfants des villages. Ce carnage est si horrible que pendant plusieurs jours on a vécu dans l’attente d’une maladie contagieuse produite par la pourriture des cadavres dont les puanteurs, amplifiées par la chaleur, empestaient l’atmosphère.

Les chefs Vendéens se réunissent à Châtillon pour la nomination d’un nouveau généralissime. Pendant ce temps, venant d’Angers, le 17 juillet, une avant-garde républicaine forte de six mille hommes s’avance vers Martigné. De nouveau on entend la fusillade, l’alerte est donnée dans  les paroisses, les cloches sonnent le glas et bientôt, de tous cotés, les paysans accourent. Battus à Martigné-Briand, les Vendéens reculent vers Coron. L’armée républicaine, quant à elle, occupe Vihiers.

Au matin du 18 juillet, dix mille vendéens se rassemblent pour l’attaque de Vihiers alors que leurs chefs sont absents, réunis à Châtillon pour l’élection du généralissime. L’armée est commandée par des chefs en second..

A une heure de l’après-midi, les Vendéens attaquent les trois corps républicains, culbutent les avant-postes et s’emparent des hauteurs de Vihiers. L’armée républicaine est en pleine déroute, les Bleus fuient jusqu’à Saumur.

« Des Cerqueux à Yzernais, de Yzernais à La Plaine, de La Plaine à Coron, de Coron à Vihiers, là il a fallu ce batre, nous ont repousé les Bleu, prie 22 pièce de canon, des caise et bagage munision de gerre et de bouche, thué et prie un grand nombre de Bleu »

La victoire de Vihiers n’amena aucun résultat décisif. Les paysans rentrèrent dans leurs métairies. Ils pouvaient faire tranquillement leurs moissons.

chouan

Pierre Devaud… ?

D’Elbée, élu généralissime à Châtillon le 19 juillet veut relever le prestige de l’armée vendéenne face à Luçon. Le mardi 6 Août, après plusieurs attaques infructueuses, le tocsin sonne à nouveau pour appeler les combattants à un rassemblement à Châtillon. A l’aube du 14 août, les troupes vendéennes commencent à passer la Smagne, par un pont étroit, (pont de Minclaye) ce qui ralentit le passage des troupes. Du fait de cette arrivée lente, les vendéens sont assaillis les uns après les autres et commencent à refluer vers la Smagne. On s’écrase au passage du pont, on se noie dans la rivière, les cavaliers républicains pourchassent les fuyards sans répit. Pierre Devaud était aussi à Luçon :

« Pour aller à Luçon, le rassemblement sais fait à Chatillion. Puis jai partie de Chatillion à mallièvre, puis les Epaise et le petit bourg des Erbiers. Des Erbiers à Ardellais puis Vandrenne et les quatre chemin, Sainte Fleurance et les Essarts. Des Essarts à St Vincent, et Saint Hilaire Louis (Saint-Hilaire-le-Vouhis) a Chateaunais (Chantonnay). De Chateaunais au Ponts Charron, de la Rorte  a St Jemme et de St Jemme a Luçon.
La nous nous somme batu et nous ont hue la déroutte avec perte de dix mille home et dix neuf pièces de canon, nous étion plus de cent mille (40 000 est plus vraisemblable), mes le dézorde sa mie dans notre armée, nous ont fait une grosse perte.
De Lucon j’ai prie la fuite et j’ai pasés dans un canal dans l’eau jusqu’au née. De ce canal jai été pour pasés le pont de Becé (Bessay), la le martie de la Rojaclain (marquis de La Rochejaquelein) nous dietet (guettait) au bout du pont avé deux pièce de canon de traver sur le pond pour faire retranchez (reculer) tout le monde. Je me suis porté jusqu’au milieu du pond et la foulle était si forte que le monde ses abatue, moi jai tachez de maprochez du garde foux et jai regardé au bas pour voir si l’eau était grande, jai vue aître au bord et jai sauté du haut du pond en bas, jai laissé mon fuzits sur le pond et au bas jai prie un autre fuzits de munision dont jai passés la rivière dans l’eau jusque a la sainture. De la par Becé (Bessay), la chaleur étoit si grande que le monde tombet, il san allais ent recullon dix a quize pas en arrière et tombait de léchine morts »

La défaite est cuisante. Plus de 6 000 morts du coté vendéen. C’était un peu la faute à tout le monde. Comme le dira Amédée de Béjarry : « Avant Luçon on s’était défié; après Luçon on se déchira ».

Le mardi 17 septembre, deux jours avant la bataille de Torfou, L’armée républicaine des côtes de La Rochelle occupe Vihiers. Deux mille Vendéens, en traversant Vezins, apprennent la présence des Bleus à Coron. Sans hésitation, renforcés par les paysans du voisinage, ils se jettent sur les Bleus. Après un rude combat, ces 6 000 soldats paysans mettent en déroute les 16  000 républicains et les poursuivant jusqu’à Trémont. Pierre Devaud en était :

« Des Cerqueux à Yzernais, d’Yzernais à Chanteloup, de Chanteloup à Vezin, de Vezin à Coron, la nous ont trouvez les bleu et nous les ont batu complètement et prie douze pièce de canon et deux obusiez, ont a thé près de six mille Bleu. Nous ont poursuivez de Coron à Vihiers et de Vihiers au pont de Termont. La nous les ont laissé et retourné à Vihiers puis Coron, de Coron à la Plaine et Somloire, de Somloire aux Cerqueux »

Les 9, 10 et 11 Octobre, Châtillon est prise et reprise par les Bleus et les Vendéens. Les Vendéens finissent par abandonner Châtillon, non sans s’être battus au Moulin-aux-chèvres, près des Aubiers. Pierre Devaud y était avec 6 000 hommes des armées de Stofflet et Lescure :

« Nous ont tombé sur les derrière de larmée des Bleu qui allais à Bressuire, nous ant ont thué et prie plusieurs, du Pin au Bois du moulin des Chaivres. A Bressuire, la nous somme batu, mes cet la nuit, nous ont recullez de Bressuire au bois du Moulin au Chaivre, au Patie Bau et aux Cerqueux. Nous fume nous réfugier à Yzernais et nous hume la picotte (petite vérole), qui fit que nous pasame point la Loire avec la grande armée, nous retournime aux Cerqueux et fime tout nos amblaisons au tent de la toussaints (semailles au temps de la Toussaint). »

Le 16 décembre, Stofflet et la Rochejacquelein ont franchi la Loire, de retour de la virée de galerne. A la fin de décembre, ils rassemblent leurs partisans dans la forêt de boissière à Saint-Aubin de Baubigné. Un détachement républicain est mis en déroute aux Cerqueux mais le lendemain, ils reviennent en force, incendiant le bourg des Cerqueux et les métairies avoisinantes. A ce sujet, Pierre Devaud précise :

« Le martie de la Rojaqlin et monsieur Stofflet ont fait un rassemblement dans le bois de Boissière et il vienre aux Cerqueux, nous le joime, et les Bleu sont venue nous attaquer et nous les ont batu aux Cerqueux (le 31 décembre 1793), mes le lendemain les Bleu sont venue de Bressuire et d’Argenton nous attaquet et il nous ont battu et mie le feu dans le bourg des Cerqueux et a lanviron, ils ont mie le feu à Boisdon et jont perdu huit mille francs dargent.
Les Bleu ont retourné chez eux et notre armée ses dispersé, mois j’ai prie la déroutte des Cerqueux par Boisdon, Lougerie, La Roche Bouger (Bouju), de là au bois de Boisière, du bois de Boisière, j’ai retourné à Boisdon. »

Le 28 janvier 1794, le bourg d’Yzernay brûle, incendié par les « colonnes infernales ». Tous les habitants ont fui dans la forêt de Vezins. Pour les habitants, épouvantés par les massacres et les incendies, la forêt apparaît comme un refuge car, jusqu’à présent, les Bleus ne se sont jamais aventurés au milieu des bois. Ce même 28 janvier, La Rochejaquelein est abattu près de Nuaillé. Stofflet, devenu général en chef a installé son quartier général dans la forêt.

Dans la campagne, les paysans défendaient avec acharnement leurs métairies. Pierre Devaud s’en est souvenu :

« Les Bleu venais par les Aubiers, des Cerqueux a Yzernais, la il a fallu ce batre a la Moinie (lieu-dit d’Yzernay), de la nous ont hue la deroutte par le bourg d’Izernais, de la dans la forais de Vezin par Vilfort pour retourné aux Cerqueux »
vezins

Chapelle du cimetière des martyrs

Le massacre de la forêt de Vezins eut lieu dans la deuxième quinzaine de mars 1794 (sans doute les 25 et 26 mars). Les Bleus et en particulier la colonne de Grignon, aidés par un traître, parvinrent au cœur de la forêt et pendant plusieurs jours massacrèrent les habitants (femmes, enfants, vieillards et blessés) qui avaient trouvé refuge dans la forêt de Vezins. Pierre Devaud situe ce massacre plus tôt dans le mois de mars 1794 :

« Les Bleu sont venue par Bressuire au fié des zoulleries, et nous ont été à la Roberdière, de la Roberdière au Puiaubrain, nous ont couchez au Puiaubrain et les Bleu était à La Sévrie. Le lendemain 12 mars, les Bleu sont venue par les Saulaies et ont mie le feu ainsi qu’à Boisdon, il sont fait brullez la palle, le foin et la grange, et ont pris la route de la forais de Vezin, et ont fait un grand massacre dans cette forais… »
Oulleries

La croix des Oulleries

Stofflet, rentrant de Chaudron en Mauges, ne peut que constater le massacre. Il rassemble ses hommes, se porte aux Aubiers et de là aux Oulleries (Hauteur située entre St Aubin, Les Cerqueux et Yzernay), où les colonnes républicaines sont encore campées au retour de la dévastation de la forêt de Vezins. Sur sa route, il a rallié tous les volontaires.

Les Vendéens, débordant de rage, furent vainqueurs. Il n’y eut pas de prisonniers. Le lendemain, à Somloire, 400 républicains furent tués sans pitié. Pierre Devaud y était :

« Les Bleu venait a la Sevrie et de la aux Zoulerie, lermée était à Saint-Aubin et sont venue attaquet les Bleu au Zoulerie et ont batu les Bleu complément. Nous des Rochemousset jont retourné par les Foucherie a la Cousais, de la a la Morignière (Morinière, village de Somloire), de la Morignière jont été aux Plaisir neuf (PlessisNeuf, village de Somloire), la nous avont trouvez du ranford. Nous avont retourné sur nos pas et les Bleu était ant déroutte, et jont trouvez des egallier (égaillés), nous ant non join un a la Charrenaire (La Charnière, village de Somloire), nous l’avont poursuivi jusque a Cotreuil (?), j’ai tirré sept coups de fuzits sur lui, le dernier coup de fuzits que j’ai tirré sur lui je lui ai donné dans les rain et il a tombé mort dans le grand champ de Cotreuil, il avait 60 livres dassignats et 20 mouchoirs de soies.
De la nous somme tombez sur un autre Bleu cachez dans un fossés et il sez levez et nous a demandé a parler aux général, mes jai accoursie ce compliment, je lui ai donné un coup de fuzie dans le vantre, je lui ai donné un autre coup de fuzie et après je lai fouillée, il avait 5 livres dasignats et jai prie ses depoulle et du Serneau (Village de Somloire), jont été à Boisdon que jont trouvez le feu dans le restant de nos batiments, le fournie a brulé et nos couette dans la maison, le restant de notre ménage a brullez ce jour la, jai resté avec les hardes que javais sur le cor, le reste ai perdu pour mois… »

Les pertes des Républicains furent énormes ces jours-là. Leurs colonnes dispersées ne purent se reformer que très loin et la terreur qu’ils subirent fut si grande qu’à partir de ce jour ils redoutèrent plus que jamais de rencontrer les hommes de Stofflet.

En 1795, des pourparlers eurent lieu entre Stofflet et Canclaux pour aboutir à la paix. Ces discussions s’avèrent difficiles, méfiantes et non dénuées de coups fourrés.

« Les Bleu vienne dans la Vandée au mois d’avril 1795 pour faire la paix. Jai partie des Cerqueux a Yzernais, de Yzernais a la Crillouaire. Jont trouvez les Bleu à Maulévrier, nous nous somme donné quelque coup de fuzit et nous ont prie la fuite parce que nous étion pas de foule… »

En 1799, Pierre Devaud reprendra les armes et participa à la bataille des Aubiers au cours de laquelle les « Bleus », retranchés dans l’église des Aubiers et soutenus par des troupes venues de Bressuire mirent en déroute les Vendéens.

« Les Chouyn (chouans) ont fait la guerre de 1799. Il se fit un rasanblement a Yzernais nous iy fume 4 jours. D’Yzernais a Toutlemonde, de Toutlemonde a Maulévrier, de Maulévrier a Echobrogne, des Echobrogne a Yzernais, d’Yzernais aux Cerqueux, des Cerqueux aux Aubiers, nous ont trouvez les Bleu nous les ont poursuivie dans l’église et thué plusieurs, mes il ce sont renfermé dans cette église et dans le clochez, et nous les ont dietté (guetté) et blessé plusieurs et il leur ai venu du ranford de Bressuire et il nous ont chassé des Aubiers… »

Nouvelle prise d’armes le 5 mai 1814, alors que Louis XVIII a déjà retrouvé son trône, mais n’a-t-on pas entendu dire  que : 

« les Bleus voullais autet le drapeau blanc » 

Au moment des cent jours, derniers combats aux environs de Thouars occupé le 18 juin 1815 et perdu le lendemain, sous les ordres d’Auguste de La Rochejaquelein.

Les photos du cimetière des martyrs et de la croix des Oulleries sont issues de la « Maraichîne Normande »