En Anjou, Les Cerqueux est, avec Coron, Bécon les Granits et Saint Macaire en Mauges une des rares communes où des carrières de granit furent exploitées.

Les carrières étaient celles de la Foucherie et du Moulin.

Avec ses 2,750 tonnes par m3 le granit des Cerqueux est un des plus dense au monde. Il contient de l’or et du plomb. C’est ce dernier élément qui lui donne sa couleur gris-bleu inaltérable.

Depuis fort longtemps, les chirons, disséminés dans les champs étaient débités et exploités afin d’empierrer les routes du voisinage. La destruction de ces blocs de granit aidait les laboureurs à se débarrasser de ces pierres qui encombraient les champs. Ce n’est qu’au début du XXème siècle que les chirons furent exploités aux Foucheries afin de les tailler pour en faire des pierres de construction, des pierres tombales ou des rouleaux en fonction de leur forme naturelle. La carrière de la Foucherie naquit ainsi.

Au début des années 1920, Mr Charrier ouvre la carrière du Moulin, appelée à cette époque carrière du Moulin de la Sévrie.

La Foucherie

En 1912, l’entreprise Charrier-Gauthier fit construire une première tranche de leur usine sur le pré Chiron, situé à la ferme des Foucheries.

Dès cette année, des ouvriers carriers vinrent y travailler.

La carrière de La Foucherie dans les années 1930

La carrière de La Foucherie dans les années 1930

Lors de la construction du premier bâtiment, l’entreprise installe un pont roulant de 5 tonnes. Ce pont avait transité par Marseille. L’histoire raconte que l’entreprise l’avait acheté aux stocks de l’armée américaine de 1914-1918. A cette époque l’électricité n’était pas encore installée sur les lieux. Alors, pour faire marcher ce pont, l’entreprise acheta un énorme moteur à vapeur qui fournissait l’électricité grâce à une dynamo. Aux alentours de 1920 la carrière change de propriétaire. Le moteur à vapeur est revendu. Il sera tiré par une douzaine de bœufs pour atteindre la gare de Nueil les Aubiers afin que le train le transporte chez son nouveau propriétaire.

Dans les années 1920, une société dénommée Le Granit se constitue. Elle devient propriétaire de la carrière de La Foucherie et y construit de nouveaux bâtiments destinés à une cantine et des logements.

Cette société appartient à la famille Anset, originaire de Dijon et propriétaire, entre autre, d’une fabrique de cirage. Après avoir été contremaître et forgeron-mécanicien, Mr Treggia, d’origine italienne, devient le directeur de la carrière de La Foucherie. Il laisse sa place, au début des années 1930, à Mr Paul Le Callenec. A cette époque l’exploitation de la carrière est en plein essor. Plus de 70 ouvriers y travaillent.

En 1932 la société Le Granit dépose une demande d’autorisation afin de pouvoir construire un bureau et agrandir les salles de sciage et de polissage. C’est une période où une quinzaine d’ouvriers polonais et italiens arrivent pour travailler dans la carrière.

La seconde guerre mondiale éclate et l’activité de la carrière cesse. Néanmoins Mr Castagné, originaire de la Seine-Maritime, y fait terminer, en 1941 et 1942, des monuments qui avaient été commandés à la veille de la guerre. Mr Castagné est le représentant à Paris de la société Anset. Il avait, en 1935, racheté la carrière du Moulin. Il est également propriétaire d’un site à Vezins où il fait travailler le granit des Cerqueux. Entre-temps, il rachètera la Société Le Granit, en 1940, en association avec Mr Roche et Mr Petieau.

Peu avant la fin de la guerre, Mr Castagné abandonne petit à petit la carrière de la Foucherie afin de privilégier celle du Moulin. Une douzaine d’année plus tard, en 1958, Mr Castagné prend un associé. Il s’agit de Mr Noel qui devient le principal gérant de la carrière du Moulin.

Le Moulin

A partir de 1968, Mr Noel est le principal gérant de la carrière du Moulin. Il rachète les parts de Mrs Roche et Petieau et crée, en 1969, la société La Granitière de l’Anjou, qui lui appartient entièrement.
1950 carriere granit

La carrière du Moulin en 1950

A partir de cette année, il décide de transférer les bureaux,  les ateliers et le parc d’exposition de la carrière à Mauléon.

C’est également à cette époque, en 1969/1970 que Mr Noel trouve un débouché pour se débarrasser des remblais existants depuis la création des deux carrières. En effet, le Port des Minimes, à La Rochelle, se construit. La densité de la pierre des Cerqueux est choisie afin d’élaborer les digues du nouveau port de plaisance. Pendant un an, 130 000 tonnes de granit récupérable sont acheminées nuit et jour par camions.

Le granit de la carrière du Moulin sert pour le dallage du métro de Tokyo, pour une œuvre d’art destinée aux 6 pays de l’OUA, dont le siège est en Ouganda et aux supports du système d’éclairage devant la gare Montparnasse, entre autres.

C’est la Granitière de Beauregard, dont le siège était à Mauléon, qui avait racheté La Granitière de l’Anjou, qui exploitera la carrière du Moulin jusqu’à sa fermeture définitive en 1995.

Ce texte est extrait de : « Les mots des mines et carrières du Maine et Loire » de Gérard Linden aux éditions « Cheminements » 49260 Le Coudray-Macouard 2004