La plupart des Cerquois nés avant 1980 se souviennent de Léontine Rabier. Née elle-même en 1911 aux Cerqueux elle revint y prendre sa retraite dans les années 70 et y décéda en 1993. Tous ceux qui l’on connue se souviennent de son port de reine mais aussi de sa mine revêche lorsqu’elle arpentait les rues du bourg. Marc Rabier, son trisaïeul, avait été canonnier dans les armées Vendéennes sous la Révolution et son grand-oncle André Gervais Rabier a été le dernier curé insermenté de la paroisse jusqu’en 1792, année ou il fut déporté vers l’Espagne. Autant dire donc que du sang noble et vaillant coulait dans les veines de Léontine. Ses neveux m’ont confié une partie de ses mémoires pour les publier sur ce site à disposition de tous. J’en fais ci-après un résumé le plus exhaustif possible.

En 1935 Léontine fut affectée au préventorium d’Anglet au Pays Basque, ou elle resta jusqu’en avril 1945 en tant qu’éducatrice. A partir de juin 1940 la commune fut classée en zone occupée par les Allemands et Léontine fut nommée responsable des enfants parisiens de un à trois ans refugiés dans les locaux du préventorium qui abritait 600 enfants dont beaucoup étaient juifs munis de faux papiers. Leurs parents étaient logés en ville. Accessoirement elle était chargée du ravitaillement.

Le Préventorium en 1942

Elle fut souvent amenée via Dax et Bordeaux, à effectuer les allers et retours vers Paris où était établit le comité directeur du préventorium. S’y effectuaient des échanges de fausses cartes d’identités, de nourriture et d’argent.

Le Pays Basque fourmillait de soldats allemands. C’était une sorte de zone névralgique puisque s’y trouvaient réunies, la côte, la frontière Espagnole et la ligne de démarcation.

Léontine s’aperçut très vite que les deux directrices et l’homme de peine du préventorium faisaient partie d’un réseau de résistance.

Sur les conseils et à l’instigation des directrices, Léontine se mit à accompagner des personnes, la plupart du temps juives munies de faux papiers, désirant franchir la ligne de démarcation près de Saint Jean Pied de Port.

25 fois Léontine accompagna des passagers clandestins, elle fut arrêtée par une patrouille allemande à la 26ème en septembre 1942 et emprisonnée pendant quatre semaines à Saint Palais. Libérée, elle n’en continuât pas moins à exercer son rôle de passeuse.

Une nuit d’hiver 1943, la Gestapo investit le préventorium, à la recherche des deux directrices dénoncées par un informateur. Avec l’aide du régisseur, Léontine les cacha pendant un mois dans un pavillon de bois très à l’écart dans le parc du sanatorium. Au bout de ce mois, les directrices prirent le train pour Paris et ne revinrent qu’en août 1944.

Après la guerre elle fut affectée à Saint Sever sur Adour puis fut nommée directrice d’école à l’Aigle en Normandie. Les deux directrices quant à elles, furent décorées de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle.

Léontine et ses collègues en 1942