Les noms des lieux proviennent de diverses origines : des langues, certes, (grecque, latine, gauloise, germanique, occitane…), mais aussi du relief, de la nature du sol, de la flore, de la faune, des constructions, des habitants…
Tel nom de village, de lieu-dit ou de hameau nous apprend qu’avant, ici, se trouvait un bois ; tel autre que là, il y avait des frênes ou des châtaigniers ; qu’ici la forêt a été défrichée ou encore qu’on y faisait paître les bêtes.
Pour lire l’origine d’un nom, il faut pouvoir se référer à certains repères, connaître les populations qui s’y sont succédées, retrouver les premières désignations avant que les facéties de la langue ne s’emparent du toponyme au point de le rendre méconnaissable.
La prononciation et l’orthographe ont évolué au cours des siècles et certains mots ont été déformés. Il n’est pas toujours facile de connaître la signification d’une appellation.
Il est intéressant de noter que de nombreux toponymes remontent aux défrichements du Moyen Age entre les XIème et XIIIème siècles mais on sait que dès l’époque gallo-romaine, on prend l’habitude de donner au domaine le nom du propriétaire. Beaucoup de hameaux et domaines ruraux se voient attribuer le nom de leur fondateur ou de leur premier propriétaire, augmenté de diverses terminaisons, comme ière ou erie, en sous-entendant maison ou propriété.
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Carte de Cassini aux environs de 1750

Ces terminaisons en –ière, en –aie, en –rie proviennent d’une période allant du XIIIème au XIV ème siècle (1200 à 1400).
De la même façon, un village tirera son nom de celui des premiers habitants qui l’ont occupé (ex : La Richardière, le village des Richard)
C’est le cas pour la Fortière, la Hayère, la Robardière, la Bardonnière, la Chabossière, la Mousserie.
  • Petite Troche, Moulin de la Troche et Grande Troche : vient de Roche. Nommées Trocia en 1110 puis Troca en 1180. Troche pourrait aussi dériver de « truco », mot gaulois ou pré-gaulois avec le sens de colline.
  • La Brûlée, la Sallée : vient d’un évènement, mais Sallée pourrait être dérivé de sal, grande maison en francique (ancien haut allemand).
  • La Maison-Neuve : comme son nom l’indique.
  • L’Oiselière : élevage des oiseaux de chasse (faucons…) du Seigneur. Ou oselière… osier. De prime abord, on peut penser que ce nom a un rapport avec les oiseaux. Au Moyen-âge, une oiselière était un endroit, où l’on élevait des rapaces dressés pour la chasse. Dans le cas présent, ce nom correspond à une plantation d’osier. En poitevin, on dit toujours “oisi” pour osier et “oiselière” pour un terrain planté d’osier. Il existait autrefois, près de l’Oiselière, un moulin à l’endroit qu’on appelle Daillon. Voir anciennes cartes : l’oselière
  • Le Plessis : désignait un lieu de défense. On n’oubliera pas « plessis », terme désignant au départ un enclos, mais en général attribué à des enclos fortifiés. Il désigne généralement un enclos formé de branches entrelacées, pouvant servir de protection.
  • La Hayère pourrait être une déformation de la ollère (lo oyère) et avoir la même origine que les Oulleries de St-Aubin, c’est-à-dire la poterie, du latin olla (pot).
  • La Sévrie. Châtellenie : voisinage de la Sèvre. (!)
  • La Foucherie : De « fourche », bifurcation de chemins, habitat situé à une bifurcation.
  • La Gannerie : Du vieux français « Gagnerie » qui signifie « Exploitation agricole ». Ancien français « Gaaigne » : « terre labourable, généralement semée en céréales ». Gaaignier : « Gagner, cultiver ».
  • Les Poisats : De « posat », hameau isolé. Ou du latin « pausare », faire une pause, s’arrêter. De « Pausa », arrêt, pause. En vieux français c’est aussi une flaque d’eau. Mais Poizats pourrait dériver aussi de puteaco, la ferme des puits (puteus en latin).
  • La Cureau : Terre rattachée à une cure.
  • Bellevue : Pourrait dériver du pré-gaulois ballo (colline, hauteur) et du gaulois vidua (forêt), comme la commune de Vue en Loire-Atlantique.
  • Le Puy-Aubrun : Du latin « podium ». Du mot patois « poyet » pour colline, hauteur. Puits aubrun en 1810. Puy auboin au 16ème
  • Gouchaud : mot de construction plus moderne. Gouchaud pourrait dériver de « gué (du latin vadum) du défilé ou de la vallée (du latin saltus) »(voir Gauduchaud). A Maulévrier,  Gouchau a la même localisation : le long de la route et près de la rivière. Absent en 1810
  • Roulais dérive de rullaco, la ferme gallo-romaine ou gauloise d’un certain rullus, comme les endroits qui s’appellent Rouillé, Rouillac ou Rouilly.
  • Les Gâts : ce nom désigne une terre peu fertile. Ce sont des terres “gâtées”, en jachère. On désigne ainsi des terres peu productives. Il pourrait s’agir d’un ancien substantif celte, “Carn”, que le langage populaire a converti partout en “Carnes” ou “Gâts”. Il signifie “accumulation de pierres”. Par conséquent, toutes les fois que l’on trouve dans notre région un lieu ainsi désigné, on peut être assuré qu’il y a eu là, soit un monument celtique aujourd’hui disparu, soit un amas de pierres.
  • Le Bordage-Niveau (village de Niveau) du XVIIIème siècle est devenu Le Cheniveau. Il s’agit là d’une transformation phonétique…ge-niveau. Mais aussi, le début de Cheniveau dérive de « chez », dérivé du latin casa (maison), qui a donné aussi l’adverbe chez (je vais chez le coiffeur = je vais maison le coiffeur). La  ferme de Pilet d’Yzernay s’appelait au 19ème   Chez-Pilet. La ferme de Chemerard, de Somloire, s’appelait au 18ème   Chez-Merard. Il y a la trace d’un procès en 1601 entre le curé des Cerqueux et de Somloire pour obtenir le droit d’enterrement sur la ferme de Chez-Merard.
  • La Touche : Vient du bas-latin « tosca », dérivé d’un mot gaulois. Au Moyen Âge, touche avait pris le sens de petit bois, boqueteau épargné par les déboisements.
  • Le saule et la Saulaie mais pourrait aussi dériver de sal, grande maison en francique (ancien haut allemand).
  • La Loge : A l’époque féodale, on appelait “loge” une cabane ou toit de feuillage, qui constituait une habitation pour les bûcherons et les défricheurs. Ce nom évoque le souvenir des défrichements pour conquérir de nouvelles terres cultivables.
    Les loges étaient aussi, du temps des épidémies de peste, des cabanes en bois établies en rase campagne, à bonne distance des agglomérations, dans lesquelles étaient confinés les pestiférés
  • Boisdon : de bois donné. Ou le bois du sieur Don. Mais Boisdon pourrait dériver de « bec d’ane ». Jusqu’à la Renaissance, ane était le mot utilisé pour désigner les canards. Le nom de l’outil de menuiserie appelé bédane est dérivé de bec d’ane en raison de la forme du tranchant de l’outil. Dans ce cas, Boisdon (bouédan en patois) pourrait être « la ferme du virage en forme de bec de canard » (à 30 degrés). A la Cantinière, près d’un chemin, un autre endroit s’appelle le bois d’an, ou boidan en 1971. Il pourrait avoir la même origine, ainsi que le champ de la peau d’âne à la Goinière.
  • l’Augerie : de “Augerea”, “amas d’eau croupie”. il s’agissait de prairies humides et basses.
  • La Noue : Une noue est une prairie marécageuse, un pré humide.
  • Haute-Grange n’existait pas avant 1810
 (Avec le concours de L.L.)
1842

Carte d’Etat-Major de 1842

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