En août 1914 débute la première guerre mondiale qui durera jusqu’au 11 novembre 1918. Environ 150 jeunes hommes des Cerqueux seront mobilisés et malheureusement 31 y laisseront la vie. Comme dans la plupart des communes françaises, en 1920, un monument aux morts est inauguré dans le cimetière des Cerqueux.

Le curé Braud [1] relate ainsi cette cérémonie : 

« La croix de notre cimetière érigée le 3 février mil neuf cent un à l’occasion du Jubilé, avait été renversée par le vent au commencement de l’année 1918. Cette croix de mission avait été offerte par Monsieur de Lostende de Puy-Louet, belle croix en chêne à laquelle était attaché un magnifique Christ.

Vers la fin de l’année 1917 on s’aperçut que le pied de la croix était tout vermoulu et menaçait de tomber. On enleva le Christ de la Croix et quelques mois plus tard, dans le courant du mois de février de l’année suivante, la croix était renversée par une tempête.

Monsieur le Curé résolut de remplacer cette croix de chêne par une croix en granit que ni la pluie ni le temps ne pourraient détruire. Il fît appel à la générosité de ses paroissiens. Il fît lui-même la quête et recueillit la somme de 2 123 francs 75 cts. Les habitants de la basse commune de Saint-Aubin voulurent bien joindre leurs cotisations à celles des paroissiens des Cerqueux.

Sur ces entrefaites, il fut question d’élever un monument à la mémoire de nos chers soldats morts pour la patrie pendant la terrible guerre 1914-1918. La place de ce monument commémoratif était tout indiquée : le cimetière.

Monsieur le Curé exprima à ses paroissiens son intention et fit appel de nouveau à leur générosité. Il faut, leur dit-il, pour nos chers soldats qui nous ont fait un rempart de leurs corps ; qui ont donné leur vie pour nous, un monument digne de notre reconnaissance et de notre piété Chrétienne. Leur monument sera surmonté de la croix et leurs noms seront gravés sur le granit en lettres dorées.

Monsieur le Curé voulut faire lui-même cette nouvelle quête et la générosité des paroissiens fut plus grande encore que la première fois. En quinze jours, il recueillit plus de 8 000 francs. Tous s’empressèrent de contribuer par de généreuses offrandes à l’érection de ce monument qui redira aux générations futures l’esprit de foi des habitants des Cerqueux et leur reconnaissance pour les 29 soldats de cette paroisse, tombés au champ d’honneur et à la fleur de leur âge, pour la défense de la Patrie.

La commune a bien voulu souscrire pour huit cents francs.

Le 23 novembre eut lieu la bénédiction du monument. Monsieur le Chanoine Ballu, aumônier militaire et Chevalier de la légion d’honneur, aumônier militaire de la 18ème division pendant la guerre, avait bien voulu venir présider cette cérémonie et adresser aux familles en deuil ses paroles de consolation. Il le fit dans des termes bien touchants. Il rappela la bravoure, les souffrances et la mort héroïque  et chrétienne de nos chers soldats. Mr Ballu était bien qualifié pour parler de toutes ces choses puisqu’il avait vécu au milieu d’eux et partagé leurs dangers. Il nous demanda de ne pas oublier nos chers morts, de prier pour eux et d’avoir envers leurs familles les plus grands attentions.

A deux heures eurent lieu les vêpres des morts. L’assistance était aussi nombreuse et peut-être plus nombreuse qu’à la grand’messe. Tous les membres du secours mutuel de Somloire avec leur président, Mr de Champagny, d’Yzernay et un grand nombre des Aubiers avaient répondu à l’appel qui leur avait été fait. Messieurs les conseillers municipaux étaient tous présents. Mr Cesbron-Laveau, Conseiller général de l’arrondissement de Cholet était aussi présent. Messieurs les députés s’étaient excusés de ne pouvoir assister à la cérémonie.

Monuments au morts detail

Après le chant des vêpres, l’on alla en procession au cimetière dans l’ordre le plus parfait et le recueillement le plus grand. En tête, les enfants des écoles qui portaient 29 couronnes[2] de verdure et de fleurs, puis les femmes et les hommes sur deux rangs. Derrière, sur 4 rangs, les membres du secours mutuel avec leur drapeau, puis les anciens combattants avec leur drapeau. Arrivée au cimetière, la foule se rangea autour du monument. Mr le Chanoine Ballu en quelques mots partis du cœur nous dit qu’il ne fallait pas pleurer nos morts comme ceux qui n’ont point d’espérance. Un jour, bientôt, nous retrouverons au ciel ceux que nous pleurons ici-bas et qui sont morts si chrétiennement…

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La magnifique croix de granit qui surmonte notre monument doit être pour nous tous l’emblème de notre foi, de notre espérance et de notre consolation. Ensuite, Mr Cesbron-Laveau prononça quelques paroles émues et bien appropriées à la circonstance. On procéda ensuite à la bénédiction du monument : on chanta le De Profundis suivi du Libera. Les enfants déposèrent chacun une couronne sur les marches et la foule se retira silencieusement et profondément impressionnée. Il n’y eut point ensuite de vin d’honneur. Chacun se retira chez soi en emportant dans son cœur le meilleur souvenir de cette cérémonie si touchante qui restera longtemps gravée dans la mémoire de tous ceux qui prirent part à cette fête du Souvenir de nos morts de la guerre.

Cette croix en granit, ainsi que tout le monument est l’œuvre de Mr Bertin, de Vezins. Le magnifique granit vient de la carrière de la Grimauderie en la commune de Vezins. Tous les charrois ont été faits gratuitement. Il y eut 12 charrettes.

[1] Curé de 1917 à 1948, Joseph Braud était né à Vezins le 17/07/1871 il arrive le 26/11/1917. Il quitte les Cerqueux en septembre 1948 etdécède à Vaulandry le 23 mars 1956. Il est enterré aux Cerqueux. Un monument fût  posé sur sa tombe le 1/07/1962.
[2] Il y eut en fait 31 soldats tués mais deux (Coutant et Logeais) n’ont été inscrits qu’en 1921 sur le monument aux morts.

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