Basile, Louis CAILLEAU est né le 27 décembre 1884 aux Cerqueux. Il est le fils de Pierre Basile Cailleau, né en 1852, fermier au Cureau (maire des Cerqueux pendant la guerre) et de Marie Eulalie Brémond née en 1859. Deux de ses frères disparaîtront aussi au cours du conflit[1].

C’était un cultivateur blond aux yeux clairs de 1m62.

Il travaillait  à la Godinière des Aubiers en janvier 1907, puis devint moine à l’abbaye de Bellefontaine de Bégrolles en Mauges à partir du 20 mai 1911 jusqu’à son départ à la guerre. Il figure d’ailleurs sur le monument aux morts de Bégrolles.

Il est tiré au sort à Cholet le 20 janvier 1904 et porte le numéro 724 au recrutement de Cholet.

Il effectue son service militaire à partir du 8 octobre 1905 au 77ème RI de Cholet jusqu’au 18 septembre 1906 et effectue une période d’exercices, toujours au 77ème RI, du 25 août au 21 septembre 1908. Il est qualifié d’infirmier le 8 janvier 1909.

bcIl est mobilisé dès le début de la guerre le 3 août 1914 au 77ème RI en tant qu’infirmier. Il passe ensuite par le 108ème RI en novembre 1916 puis est versé au 92ème RI en février 1917.  Malade, il est évacué pendant un mois du 24 avril au 29 mai 1917. A son retour, il est affecté au 413ème RI.

En 1918 il est ambulancier du régiment à l’ambulance n°3, 11ème Compagnie sous le matricule 17542.

Sa Compagnie combat à l’hospice de Locre les 24-25 et 26 avril 1918. Voir historique et JMO ci-dessous.

Le contexte est le suivant d’après l’historique du régiment : le 413ème  relève le 22 avril le 83ème R.I. dans le secteur de Westoutre.

Dès le 24, il est soumis à de très violents tirs d’artillerie ; le 25, après une intense préparation par obus toxiques et explosifs, l’ennemi attaque à 4 heures 30. Une heure plus tard, toute liaison est rompue à gauche avec le 416ème et l’ennemi avance dans la poche ainsi formée. Le régiment, alors attaqué de front et de flanc par des forces considérables, accomplit intégralement sa mission ; le 2ème bataillon (commandant de ROZIER), qui devait résister à tout prix, se fait hacher sur place pour s’opposer aux progrès de l’ennemi; seuls quelques agents de liaison et quelques éléments isolés pourront rallier l’arrière.

Le 26 avril, après l’attaque ennemie sur Dranoutre et dans le ravin du Hollebeck, le régiment contre-attaque et prend Locre ; la lutte est particulièrement opiniâtre du côté de l’hospice, qui est perdu et repris à plusieurs reprises. Cette position reste finalement en notre possession à la suite d’une très vigoureuse contre-attaque à la baïonnette.Le 1er bataillon (commandant BÈS) résiste lui aussi héroïquement; la compagnie aux A.P. (capitaine MILLON), qui avait l’ordre de garder le terrain jusqu’au dernier homme, exécute cette mission sans la moindre défaillance. Privée de munitions, elle utilise les cartouches et les armes anglaises trouvées sur le terrain et continue la lutte jusqu’au bout : personne n’en est revenu.

Tous les efforts faits par l’ennemi pour accentuer sa pression vers Dranoutre restent vains; le régiment ne perd pas un pouce de terrain. Dans la nuit il reçoit l’ordre de se replier vers la route Locre – Bailleul, pour réduire le saillant qu’il forme dans la ligne générale.

Les pertes subies ont été lourdes ; il ne reste plus qu’environ 500 fusils. Tous les hommes, au cours de cette journée, ont fait preuve d’un courage et d’une ténacité extraordinaires, en s’élançant à l’attaque malgré leur petit nombre et en dépit des fatigues éprouvées depuis quelques jours.

Extrait du JMO du 413ème R.I.

26 avril 1918

Le début de la matinée est relativement calme. Cependant, dès 7 heures, l’ennemi fait pression au nord de Dranoutre tout en continuant à s’efforcer de s’infiltrer à l’est de Locre et par la vallée du Hollebeck.

A 17 h le 1er bataillon du régiment tien toujours le bois au N.O. de Dranoutre depuis la Douve, en passant par le château de Locre,  jusque sur la route Locre-Dranoutre.

Plan chtimiste.com

Endroit ou Basile Cailleau a été blessé mortellement (source : chtimiste.com)

Dans l’après-midi, il a poussé une contre-attaque sur la route de Dranoutre, s’emparant de la ferme de Locre-Hof et fait 19 prisonniers du 5ème Bavarois.

Le bataillon du 414ème, avec des éléments de la 10ème Cie du 416ème et quelques fractions de la 11ème Cie du 413ème (Basile Cailleau fait partie de cette 11ème Cie) a été successivement attaqué à 8h-9h30-10h45-13h30-17h et 19 heures sur la route Locre-Dranoutre jusque vers l’hospice de Locre[2]. La lutte est en particulier opiniâtre du côté de l’hospice qui est perdu, repris puis reperdu, mais le village de Locre reste toujours en notre possession.

Vers 17 h le 1er bataillon du 414ème contre-attaque à la baïonnette sur l’hospice et s’en empare à nouveau. Un certain nombre de prisonniers faits par ce groupement finissent par s’échapper à la suite d’un violent tir sur ce point des deux artilleries française et allemande. D’ailleurs, d’une manière générale, l’artillerie française, dans la journée du 26, exécute des tirs beaucoup trop courts sur le village de Locre que l’on croyait aux mains des Allemands, et dans la région, à l’est, paralysant  ainsi nos contre-attaques et nous causant des pertes sensibles. 

La situation à l’est de l’hospice est toujours douteuse. La liaison parait cependant assurée avec les bataillons du 414ème qui, dans la matinée, ont contre-attaqué pour s’opposer aux infiltrations allemandes.

locre 1918

Vers 20 heures, les Allemands passent à l’attaque. Le bataillon tient bon mais éprouve des pertes sérieuses. Sur le compte-rendu du chef de Bataillon, ordre lui est donné de se replier de 2 à 300 mètres vers le N.O.  pour venir occuper une position le long de la route Locre-Bailleul.Vers 19 h, les 1ères lignes françaises, le long des lisières Sud et Est du bois au nord de Dranoutre, sont violemment prises à partie par l’artillerie ennemie. Le terrain est pilonné, la situation devient intenable.

Il va désormais être constitué sur deux groupements :

– Celui de droite sous le commandement du Colonel Commandant le 413ème, aura la défense du sous-secteur de droite, depuis la Douve jusqu’à environ 200 mètres à l’ouest du village de Locre.

– Celui de gauche, sous les ordres du Colonel Fray, prendra depuis ce dernier point par le village de Locre jusque vers Brulooze.

D’autre part, le Colonel Waddington est chargé de l’organisation de la défense proprement dite des monts, pour laquelle un certain nombre d’unités de cavalerie sont mises à disposition.

Compte-rendu de la situation est adressé à l’I.D. dont l’attention est tout particulièrement attirée sur la liaison avec le 414ème qui semble encore précaire et sur les dangers de l’infiltration allemande de ce côté.

En résumé, au cours de la journée du 26, le front avait du être ramené du N.O. en ce qui concerne le 413ème. Le 1er Bataillon du 414ème s’était regroupé au SO de Locre et avait laissé la défense de toute la partie à l’est de ce village à la garde des deux autres bataillons de ce régiment.

Les pertes subies par les unités du Colonel Despierres avaient été lourdes, en particulier au 414ème. Le Chef de Bataillon rendait compte qu’il ne lui restait environ que 190 fusils. Quand au 413ème, il ne lui restait plus que 500 fusils.

Tous les hommes, au cours de cette journée, avaient fait preuve d’un courage et d’une ténacité extraordinaires, se lançant à la contre-attaque malgré leur petit nombre et en dépit des terribles fatigues éprouvées depuis quelques jours.

Note : Sur ces deux jours terribles (25 et 26/04) pour le régiment, ce dernier perdra 69 tués, 361 blessés et surtout 806 disparus que l’on peut considérer comme morts pour la plupart.

Le 26 avril 1918, à ce combat de Locre,  Basile Cailleau est blessé grièvement par balle, avec une plaie pénétrante dans la poitrine. Il est transporté à Lijssenthoek (Belgique) et décède à l’ambulance 216 le même jour, 26 avril 1918. Il avait un peu plus de 32 ans.

jmo

L’acte de décès est transmis aux Cerqueux le 22 avril 1922 après jugement du 6 avril 1922 du tribunal de Cholet.

Il est enterré au cimetière de Poperinghe (Belgique) « Lijssenthoek Military Cemetery » carré 27, rang 2, numéro 17 (source de la photo ci-dessous).

basile

Ce cimetière britannique se situe sur la route de Steenvoorde-Poperinge.
Cette route était l’axe de communication principal entre les bases arrières et le champ de bataille d’Ypres. Il fut ouvert par le 15ème  hôpital d’évacuation français et à partir de juin 1915 il fut utilisé par les britanniques qui installèrent un grand hôpital de campagne dans la ferme de Rémi Quaghebeur.

Ce cimetière est d’ailleurs aussi connu sous le nom de cimetière de Rémi.
La ferme est toujours visible de nos jours. C’est le deuxième plus grand cimetière du Commonwealth après Tyne Cot. Il regroupe 10 786 tombes dont 7 367 britanniques et 658 françaises.

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[1] Voir Joseph et Marcel.

[2] Il s’agit de l’ « Hospice de Locre », (cloître de St. Antoine) qui servait comme poste de secours et hôpital pendant la guerre. Le 25 avril 1918 les Allemands avaient pris le village, perdu de nouveau le lendemain . Pris de nouveau par les Alliés le 29 et perdu de nouveau le 30 avril. Le 20 mai il y eut de lourds combats pour Locre qui fut définitivement prise sur les Allemands ce jour-là.