Personne ne sait exactement  à quelle époque le christianisme pénétra dans nos contrées. Mais tout porte à croire que les terres du Poitou ont été évangélisées très tôt, notamment par Saint Martin de Tours et Saint Hilaire, communément appelé Hilaire de Poitiers, et cela dès le premier ou le second siècle de l’ère chrétienne, les voies romaines facilitant l’accès de la région aux évangélisateurs. Érigé au IIIème siècle, le diocèse de Poitiers (en latin : Dioecesis Pictaviensis) fut l’un des premiers fondés.  

L’Ancien évêché de Poitiers était immense et comprenait tout le territoire dont se formèrent plus tard les trois évêchés de Poitiers, de Luçon et de Maillezais, s’avançant au Nord jusqu’à la Loire. Au IXème siècle, cet immense évêché fut, comme la plupart des autres évêchés, divisé en archiprêtrés et en doyennés. Et pour chef-lieu de ces divisions ecclésiastiques, l’autorité choisit soit les villes alors les plus populeuses, soit certaines paroisses plus importantes ayant donné naissance à plusieurs autres petites paroisses. Bressuire, Mortagne et Cholet n’existaient pas encore. Aussi, dans notre région, attacha-t-on le titre de doyenné aux églises de Saint-Laurent-sur-Sèvre, de Saint-Porchaire (près de Bressuire), et de Saint-Hilaire-du-Bois (près de Vihiers). [1] 

Dès le Xème siècle, l’histoire des bourgs suit l’évolution du peuplement et la multiplication des paroisses. En effet, à cette époque, le très cruel Comte D’Anjou Foulques Nerra [2] appelait toutes les communautés monastiques à créer bourgs et paroisses en contrepartie des revenus de la cure et de diverses dîmes. Face à sa cruauté affirmée, ses remords se traduisent alors par  une multiplication des abbayes dans ses domaines et il part, à trois reprises, pour la Terre Sainte (1002 – 1008 – 1038), pour laver ses nombreux péchés et se faire pardonner ses crimes. 

Bien qu’on n’en ait retrouvé aucune trace, il ne fait aucun doute qu’une église existait aux Cerqueux dès le XIème siècle car si on sait avec certitude que la Paroisse des Cerqueux appartenait au XIIème siècle à l’Abbaye de Saint Jouin de Marnes [3], elle est sans aucun doute de création plus ancienne. C’est dans la bulle de     1179 où Nicolas, prieur de Saint Jouin de Marnes, obtient du Pape Alexandre III la reconnaissance des possessions de l’abbaye que l’on voit apparaître pour la première fois la mention de l’église des Cerqueux de Maulévrier : « Ecclesiam de Sarcos de Malebrario » [4].

Abbatiale St Jouin de Marnes

Chevet de l’Abbatiale St Jouin de Marnes

L’abbaye fut opulente durant le Moyen Âge. En 1179, elle possédait[5] 127 églises dont celle des Cerqueux. L’église abbatiale est l’un des signes de cette prospérité. Elle fut construite entre 1095 et 1130, sous l’impulsion du moine Raoul qui devint abbé aux environs de 1100.L’abbaye de Saint Jouin de Marnes fait partie de ces monuments dont l’origine remonte fort loin dans le temps. Elle était située à un important carrefour où la voie venant de Poitiers se scindait en deux, une branche se dirigeant vers Angers, l’autre vers Nantes. Un camp militaire avait été implanté à ce carrefour par les romains. C’est à proximité de ce dernier que s’établit le premier ermitage à une date estimée à 350 par certains, c’est-à-dire avant même la création de Ligugé par Saint-Martin en 361.

Depuis son origine jusqu’à la Révolution, la paroisse des Cerqueux releva du doyenné de Bressuire, comme Somloire ou Saint-Pierre des Echaubrognes. Par contre, ses voisines comme Yzernay, Saint-Hilaire des Echaubrognes ou Maulévrier faisaient partie du doyenné de Vihiers.

Les Cerqueux dans le Diocese de Maillezais en 1317

Les Cerqueux dans le Diocèse de Maillezais en 1317

En 1648, après la prise de la Rochelle, Richelieu, pour des raisons à la fois politiques et religieuses, décida que l’évêché de Maillezais, tout en gardant sa même circonscription, serait transporté de l’abbaye de Maillezais à la Rochelle. Il pensait que la présence d’un Prince de l’Eglise dans cette dernière ville favoriserait la conversion des Huguenots et affermirait son pouvoir. Les doyennés de Bressuire et de Vihiers se trouvèrent donc reliés spirituellement à la Rochelle, avec les paroisses qui en dépendaient. Cette situation dura jusqu’au Concordat qui suivit la Révolution, moment où la paroisse des Cerqueux fut intégrée au diocèse d’Angers. Par une bulle donnée à Avignon en août 1317, sous l’épiscopat de Fortius d’Aux, le pape Jean XXII procéda au démembrement du trop vaste évêché de Poitiers. Les doyennés de Saint-Laurent, de Vihiers, de Bressuire, de Fontenay et l’archiprêtré d’Ardin formèrent l’évêché de Maillezais et la riche abbaye de Maillezais devint le siège épiscopal. La paroisse des Cerqueux passa donc à ce dernier évêché et ne releva plus de Poitiers.

Depuis l’origine, l’église des Cerqueux porte le nom de « Saint-Jean Baptiste de la décollation ». Elle fait ainsi partie des 87 églises des Mauges portant le nom d’un saint.

[1]  Histoire du Poitou, Vol. 1 par René-Hyacinthe Thibaudeau, page 422-423
[2] Foulques Nerra, le Noir, en raison de son teint sombre, né vers 965/970, mort à Metz le 21 juin 1040, fut Comte d’Anjou de 987 à 1040.
[3] La commune de Saint-Jouin-de-Marnes, limitrophe du département de la Vienne, est située au nord-est du département des Deux-Sèvres à neuf kilomètres au nord-est d’Airvault et à seize kilomètres au sud-est de Thouars.
[4] Chartularium Sancti Jovini [Cartulaire de Saint-Jouin-de-Marnes], Société de statistique du département des Deux-Sèvres, t. XIV., imprimerie L. Favre & Cie, Niort 1854.
[5] Ses possessions paroissiales s’étendaient jusqu’à Vertou, dans la banlieue actuelle de Nantes. La paroisse de Maulévrier faisait aussi partie des possessions de l’abbaye.

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