Le curé Duret, assermenté, se présente aux Cerqueux le 6 mai 1792 pour prendre possession de l’église et de la cure. Voici comment il relate lui-même ce premier contact après avoir été réduit à se retirer sous les injures et les menaces qui, pour la première fois, prenaient un accent de résolution insurrectionnelle.[1]
« L’an IV de la liberté, et le 6 mai, je soussigné, Joseph Duret, nommé à la cure des Cerqueux de Maulévrier, me suis transporté, accompagné du Sieur Mitault, ci-devant avoué et maintenant ecclésiastique, dans le bourg et paroisse des Cerqueux de Maulévrier, sur les dix heures du matin… à la porte de la maison qu’on nous a dit être celle du maire, quoiqu’après avoir éprouvé de plusieurs personnes, trouvées dans le bourg, le refus de nous l’indiquer.
Lorsque nous avons requis le maire, une femme, nous ayant dit être celle du maire, a répondu que son mari était à ses affaires… et que n’étant pas venu dans le temps, où je lui étais annoncé, il ne comptait plus sur moi… Et comme nous étions entourés de deux à trois cents personnes, nous nous sommes adressés à cette populace, que nous avons priée et sommée de nous dire les noms et demeures tant de leur procureur de commune et leurs officiers municipaux, et leur observant qu’ils devaient les connaître, puisqu’ils les avaient élus eux-mêmes. Ils ont répondu pareillement qu’ils ne connaissaient ni les uns ni les autres ; que d’ailleurs ils ne voulaient pas de moi, Duret, pour leur Curé ; que j’avais un mauvais habit ; et m’ont d’ailleurs invectivé de la manière la plus outrageante.
Le Sieur Mitault leur a observé qu’il n’allait résulter rien de favorable pour eux. L’un d’eux, que l’on pourrait pendre à la mine, et qui paraissait parler au nom de toute la populace, dont il recevait des applaudissements et même des encouragements, a répondu qu’on s’en f…. et a abordé d’un air furieux et menaçant le sieur Mitault, en lui demandant qui il était et qui l’envoyait. Le sieur Mitault a répondu, pour en imposer davantage, qu’il tenait sa mission du District. » Nous nous en f…. «  a répondu ce scélérat en disant : « Vous êtes bien heureux, vous, Messieurs, de faire ce que vous voulez, pendant qu’on tient notre Roi dans les géhennes à Paris. C’est plutôt vous autres que l’on devrait y tenir et même détruire. Et vous (parlant toujours au sieur Mitault) êtes bien imprudent de rester ici. Si vous y rester encore un moment vous allez passer un mauvais quart d’heure. » Et au même instant s’est approché précipitamment et d’un air furieux pour lui faire un mauvais parti ; ce qui a déterminé ledit Mitault à saisir promptement l’un de ses pistolets [2] à la vue duquel le chef forcené a fait deux pas en arrière. Et de suite nous les avons quittés, en leur disant qu’on aurait soin d’eux ».
[1] La Vendée Angevine, Célestin Port Hachette 1888, page 341
[2] Ancien avoué devenu ecclésiastique, Mitault porte des pistolets… Epoque troublée

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