« Le sixième jour de février 1651, la nuit précédente ce dit jour, fût par personnes malicieuses et inconnues exposé un enfant au village des poisatz de cette paroisse et laissé sur le demy mur qui faict la clotûre de la chapelle de dévotion bastie audit lieu des poisatz, le dit enfant enveloppé de quelques petits draps le tout en un panier avec cet escript : monsieur le chapelain des poisatz, l’enfant n’est baptizé que sur la paille(1), ce qu’ayant esté rapporté a madame de lavaI, pour l’heure en son chasteau de la Sevrie, a eu la charité de faire apporter le dit enfant à la porte de l’église paroissiale de cette paroisse par René Denis et Louise Clemenceau afin d’y recepvoir les cérémonies de notre mère saincte l’église, de quoi moy curé soussigné estant adverti me suis trouvé à l’ordinaire à la grande porte de l’église où estant madame dame s’est déclarée merreine du dit enfant et Monsieur de l’Espronniere (2) s’en est déclaré le perrein  et l’ont faict ? en leur nom à jean bachelon, cordonnier, demeurant en ce bourg, et à ladite Louise Clemenceau quy ont déclaré ne scavoir signer, ce qu’estant faict j’ay procédé en conséquence de ma charge au baptesme du dit enfant qui a esté nommé François et de plus l’ay baptizé soubt condition selon les rubriques de notre rituel, dans l’incertitude où j’estois si la personne quy a baptizé ledit enfant a eu l’intention, la matière et la forme absolument requizes pour la validité du sainct sacrement de baptesme, ce qu’estant faict le dict enfant a demeuré soubt la garde et protection de madame dame de Laval quy s’en est charitablement voulue charger les jour et an susdict, comme dict et dans le dict escript cy attaché »
Signé: F. du puy du fou pour avoir tenu lanfant a porté à ma chapelle des poisa (sic)
Pierre de Carrion(3)
Boudier, curé des Cerqueux
(1) sur la paille=en danger de mort = ondoyé.
(2) et (3) L’Esperonnière, ancien fief avec manoir noble, en la paroisse de Vezins (Maine-et-Loire). C’est maintenant un village situé dans la commune de Vezins, près Cholet. Il appartenait en 1618 à Guy de Brioul, seigneur du Quarteron, et à François d’Aubigné, son gendre, qui le vendit, le 28 décembre 1618, à Gabriel Carion, seigneur du Plessis. Cette famille le posséda pendant plus de cent cinquante ans.
Messire Pierre Carion, écuyer, seigneur de l’Esperonnière, paroisse de Vezins, fut inscrit sur le rôle du ban et arrière-ban de la noblesse d’Anjou de 1635, commandé par messire Charles, marquis du Bellay (Bibl. d’Angers, mss 981.)
Pierre Carion, écuyer, seigneur de l’Esperonnière, fit des preuves de noblesse en 1666, devant M. Voysin de la Noiraye, commissaire du Roi en la généralité de Tours.
Suzanne Carion, fille de Pierre Carion, était l’épouse de François-Abel de la Haye-Monbault, petit-fils de Suzanne du Puy-du-Fou, tante de Françoise du Puy-du-Fou (source : « histoire de la maison de L’Esperonnière », Théodore Courtaux, 1889).
En 1651, Jacques Challet, le chapelain de la Sevrie, était âgé de 74 ans (mort en 1657 à l’âge de 80 ans) et Françoise du Puy-du-Fou était âgée d’une quarantaine d’années. Elle vivait une partie de l’année à la Sévrie. Pendant ce temps-là, son mari, le marquis de Laval-lezay résidait, la plupart du temps, à Paris.
Les « mauvaises langues » prétendent que cet enfant aurait été le fruit illégitime des amours de Françoise du Puy du Fou et du chapelain. La présence de Monsieur de l’Esperonnière, domicilié à Vezins et bizarrement présent aux Cerqueux ce jour là, pourrait permettre d’envisager une autre hypothèse (tout aussi malveillante, évidemment !…).
 Source : Aurélie, GREPSA

Retour