Emile, Eugène, Célestin COUTANT est né le 18 avril 1898 aux Cerqueux. C’est un cultivateur de 1m72 aux cheveux bruns et yeux roux. Il est le fils de Louis Aubin Coutant, né en 1866 à St Aubin de Baubigné, cultivateur propriétaire à la Petite Troche lors de sa naissance et de Marie-Ernestine Babin, née à St Amand sur Sèvre en 1871. Ces derniers se sont mariés le  24 octobre 1893 aux Cerqueux.

Ses parents et lui résident à Maulévrier en 1917.

Il porte le n° 1015 au recrutement de Cholet et est incorporé le 3 mai 1917 au 33ème Régiment d’Artillerie. Il est affecté au 49ème RA le 11 janvier 1918 puis, le 30 mars 1918 comme Second canonnier servant au 218ème régiment d’artillerie sous le matricule 9603.

Le contexte : Le 9 juin, l’ennemi attaque sur Compiègne. Toute la D.I. est alertée mais reste sur ses positions, sauf le II/218 qui renforce la 55ème D.I. et prend position an nord d’Attichy. Il rallie le 10 au soir le régiment qui repasse sur la rive droite de l’Oise, confiée à la 67ème D.I.

Dans la nuit du 10 au 11 juin, le régiment est en marche pour se rendre dans la région de Corbeaulieu (1erGroupe), Bienville (2èmeGroupe), Coudun (3ème Groupe). La journée du 11 est employée à des reconnaissances; le 12, les batteries sont réunies sur roues au nord-est de l’Aronde près de Coudun, prêtes à s’opposer à l’avance ennemie, les voitures collées aux arbres de la route qui seuls offrent un couvert relatif.

L’espace est restreint, le tir ennemi violent et précis, la région infestée de gaz, les pertes sont sensibles. Mais les canonniers conservent un calme remarquable qui ne se dément pas de la journée. Vers 19 heures, brusque changement : au lieu de se défendre, on va attaquer ; la 67ème doit reprendre la ligne du Matz, la contre-offensive d’ensemble avec la 3ème armée est décidée. Pour assurer dans les meilleures conditions l’appui à donner à l’infanterie, les 1er et 2ème Groupes s’établissent l’un vers Jauville, l’autre à l’est de Giraumont ; le 3ème est placé au sud de Plessis-Brion en lisière de la forêt de Laigue pour prendre de flanc la ligne ennemie.

Toutes ces régions et les routes qui y aboutissent sont particulièrement battues. Le sous-lieutenant LESTRADE est tué et le lieutenant GAGNAIRE grièvement blessé : la reconnaissance du 1er Groupe a été prise sous le feu près du Château d’Anel.

Tant d’efforts ne sont pas inutiles : les batteries sont en place à l’heure. Elles tirent à courte distance, et parfois à vue directe, car elles occupent des positions offensives, et l’infanterie bien soutenue par son artillerie rejette l’ennemi au-delà du Matz.

Mais les vaillants du 218ème sont de rudes soldats : les tirs ont été exécutés avec autant de soin et de calme que sur le champ de manœuvres.Épuisé par cette contre-attaque générale, l’ennemi ne revient pas à la charge : il agit par contre-batterie et harcèlement, ce qui permet fort à point de reprendre haleine. Il est bon, en effet, de pouvoir souffler un peu, même sous le bombardement, car du 10 au 13, les énergies ont été mises à l’épreuve à marcher pendant la nuit, tirer pendant le jour, supporter sans faiblir les pertes causées par le tir et les gaz de l’ennemi.

Les lignes se fixent donc provisoirement.

Emplacement de la batterie

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Des dispositions défensives sont prises : les batteries sont éloignées, changent plusieurs fois de position, les batteries de manœuvre et les sections baladeuses tirant seules, les autres batteries restant silencieuses.

Le 1erGroupe est sur le mont Ganelon ; le 2ème à Bienville, puis près de Clairoix et enfin sur la voie ferrée entre Coudun et Bienville ; le 3ème dans la forêt de Laigue.

Les positions sont organisées pour tenir contre une attaque qui arriverait jusqu’aux pièces.

Mais on n’abandonne pas tout esprit offensif : tout le pays est exploré par des reconnaissances qui travaillent aussi bien en vue d’une action offensive que pour recevoir l’attaque allemande prévue sur Compiègne.

JMO du 17 juin 26ème batterie :

De 10h30 à 14h30, bombardement soigné à coups de 210 et 150 à rupture. Pour le chemin creux ou la batterie (?), mystère. Mais on est bien encadré, les dépôts de munitions d’obus sautent. Un jeune de la classe 18 est tué dans le chemin creux par un obus éclatant à 2 mètres, sur le coup. Enterré à l’échelon, au nord du village de Bienville.[1]

Il s’agit d’Eugène Coutant qui est donc tué à l’ennemi par éclats d’obus le 17 juin 1918 à Giraumont dans l’Oise. Il avait tout juste 20 ans.

Il est titulaire de la croix de guerre et cité à l’ordre du régiment n° 238 du 26 juin 1918 : « Excellent soldat qui depuis sa récente arrivée au front avait fait preuve de l’entrain le plus remarquable. Tué le 17 juin 1918 lors d’un violent bombardement sur l’emplacement de la batterie ».

Emile, Eugène, Célestin COUTANT figure aussi sur le monument aux morts de Maulévrier puisque, après avoir habité Les Cerqueux, ses parents et lui demeuraient dans cette commune lors de sa mobilisation en 1917. Son acte de décès a d’ailleurs été transmis à Maulévrier le 15 décembre 1919. Cela explique sans doute le fait que son nom n’ait été inscrit que tardivement sur le monument aux morts des Cerqueux.

 RETOUR

[1] Son corps repose à cinq cents mètres de Bienville (Oise), sur les pentes du mont Ganelo.