Félix, Eugène GIRARD est né le 2 décembre 1888 aux Cerqueux. Il est le fils de François Girard, né en 1845, fermier à Boisdon et de Marie Grimault, né en 1846, ménagère. Il est cultivateur aux Cerqueux. Brun aux yeux gris, il mesure 1.70 m. Les GIRARD ont ensuite quitté Boisdon pour La Loge.

Il porte le n° 778 au recrutement de Cholet.

Il effectue son service militaire du 3 octobre 1910 au 25 septembre 1912 au 33ème RI à Arras[1] après avoir été ajourné pour une légère déformation du genou droit.

Il est incorporé le 8 août 1914 au 77ème  RI de Cholet puis renvoyé dans ses foyers le 16 août.

Depuis l’offensive du 25 septembre, le régiment occupe Loos et y restera jusqu’en décembre. En Artois à l’automne 1915, sur un secteur ruiné, dévasté, retourné de toutes manières, le ciel ne cessa de verser des torrents d’eau. L’argile fendillée s’écroula. En moins de huit jours, il n’y eut plus un boyau, plus une tranchée. Les abris s’effondraient sur leurs occupants angoissés. L’enlisement sévissait. Des cris la nuit, puis plus rien : un homme venait de s’enterrer vivant. Aucun secours possible. Le sauveteur s’engluait avec l’homme pris au piège de la terre vengeresse.La commission spéciale de réforme le reclasse en service armé le 9 novembre 1914. Il rejoint à nouveau le 77ème RI le 13 mars 1915. En compagnie  de 435 autres soldats, il est ensuite affecté à Barlin au 135ème RI d’Angers le 8 octobre 1915, matricule 4142, portant l’effectif du régiment à 2 372 hommes. 

Les hommes n’étaient plus que de grelottantes statues de glaise; et comme les Allemands, en face, avaient pris, bien malgré eux, le même uniforme, les deux ennemis, à découvert sur le bled marécageux, décidaient tacitement une trêve des coups de fusil. Contre l’adversaire commun, cruel jusqu’à l’inexorable, les deux champions du drame universel, un instant, semblaient se réconcilier.

La mort n’avait plus besoin des balles pour achever des divisions squelettiques. Le froid, la  fatigue et la terre spongieuse suffisaient.

Journal de marches et d’opérations du 135ème RI

front17 octobre 1915. 5H30.

Ordre est donné au sous-lieutenant commandant les deux sections de venir prendre position dans le front du 135ème  et de renvoyer sur le front de la 152ème D.I. la section de mitrailleuses placée devant notre 7ème Cie.

Cet ordre a été exécuté à 8 heures. Les sections sont placées ainsi qu’il suit : 1 section sur le front de la 9ème Cie et l’autre sur le front de la 7ème Cie à l’emplacement occupé par la section de mitrailleuses des zouaves. (152ème DI)

Reçu à 10H30 l’ordre du général de brigade prescrivant que le 77ème[2] RI sur notre gauche, qui a relevé le 32ème, s’étendra la nuit prochaine au S.O. du crassier de Loos jusqu’à la limite au N. de la carrière (partie comprise entre le crassier et le boyau F’ I’ exclus). Le mouvement commence à 16H30 et est terminé à 19h. Par suite, la 4ème Cie du 135ème qui occupait cet endroit appuie à droite et s’étend jusqu’à 25 mètres environ à droite du chemin.

Journée relativement calme, bombardements intermittents sur Loos et le secteur.

A 17H25, le général de brigade prévient que des reconnaissances du 68ème se feront demain matin dans le sous-secteur sud en vue de la relève du 135ème par ce régiment.

A 17H40, ordre est donné au Cdt du Bataillon que le travail de ses compagnies est ainsi réglé pour la nuit : la 5ème Cie continue le travail de la nuit précédente (tranchée de soutien ; une autre Cie retournera dans le même chantier qu’hier avec le génie ; une corvée de 50 hommes est mise à disposition du génie pour transports de matériaux.

A 19H22, le Commandant de la 12ème Cie (Cie de soutien du bataillon de droite) rend compte que des coups de 77, 88 et 150 allemands prennent la tranchée de soutien à revers.Ce bombardement est signalé à l’artillerie pour contrebattre.Le Général de la D.I. est venu dans l’après-midi visiter la tranchée de soutien. Il a fait différentes observations à propos du travail exécuté dans cette tranchée. Ces observations sont transmises à 19 H  au Commandant de la 5ème Cie qui y travaille cette nuit.

Pendant la nuit, les 1er et 3ème bataillons travaillent  dans leur secteur.

Au cours de la nuit, quelques coups de 77 et de 88 sur les tranchées et quelques obus de gros calibre sur la carrière à gauche du petit bois. Lancement de quelques grenades sur la route de Béthune sur le front de la 11ème Cie.

Félix, Eugène GIRARD est tué à l’ennemi le 17 octobre 1915 à Loos, à 4 Kms au nord-ouest de Lens (62). Il allait avoir 27 ans.

La rue Conde  Loos allant vers l eglise

La rue Condé, à Loos, allant vers l’église

Le même jour, il a été inhumé par ses camarades à l’entrée Sud-ouest de Loos, sur le coté droit de la rue conduisant à l’église. (Voir photo ci-dessus). Je n’ai pu retrouver de tombe portant son nom. Les cimetières militaires sont nombreux et immenses dans la région. Des plus grands tels Notre-Dame de Lorette ou La Targette jusqu’aux plus petits tel le St Patrick Cemetery de Loos qui contient 53 tombes de soldats Français.

Son acte de décès a été transmis aux Cerqueux le 27 janvier 1916.

 RETOUR

[1]  Ce sera le régiment du futur Général De Gaulle à l’entrée en guerre en 1914.
[2] Arrivé à Loos le 16 octobre, il y restera jusqu’au 3 janvier 1916