A la fin du 16ème siècle, Pierre II, représentant la lignée cadette des Laval, avait reçu du dernier chef de la branche aînée, Guy (1565-1590) mort sans enfants, une partie de ses biens et ses armoiries. Il avait épousé Isabelle de Rochechouart-Mortemart et en 1623 avait laissé un riche héritage à son fils Hilaire, lequel pouvait par ailleurs compter sur un brillant avenir pour s’être distingué aux combats des Ponts-de-Cé (1620), de Royan (1622), etc.
En 1626, Hilaire s’était uni à Françoise du Puy-du-Fou, qui se chargea souvent des affaires de son mari en Poitou. Lui, au contraire, vivait généralement à Paris, de sorte que pour connaître ses activités les plus courantes il faut le suivre dans la capitale où il se dépensait sans compter parmi les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement (créée dans le but d’aider à restaurer la puissance du catholicisme affaibli par les guerres de religion, en relation avec les jésuites)
Le père de Françoise, Eusèbe du Puy-du-Fou, lieutenant de vénerie, sgr de la Mortagnère et de la Barre, avait épousé en 1607 Françoise Tiraqueau (+ 1673) ; il était mort en octobre 1615, ne laissant qu’une fille, également prénommée Françoise, qui devait plus tard entretenir d’excellents rapports avec ses demi-soeurs : Suzanne (1623-1700), future duchesse de Navailles, et Angélique (1630-1678) qui fut comtesse de Froulay, nées du remariage de Françoise Tiraqueau avec Charles de Neuillan de Beaudéan-Parabère, gouverneur de Niort.
Seule héritière du Puy-du-Fou, Françoise, devenue dame de Laval-Lezay, continuait à s’occuper des domaines de famille de façon généralement spectaculaire. Certains actes notariés reflètent les traits excessifs de son tempérament. Nous ne pouvons détailler ici les multiples procès, parfois plusieurs la même année, qui montrent son humeur contestataire (V. A. Départementales de la Vienne : B VI, folios 165, 175, 179, 181, 184).
En 1650, par exemple, elle entra en procès avec la duchesse de Roannez à propos des droits seigneuriaux que toutes deux prétendaient posséder sur la Sèverie, paroisse des Cerqueux-lès-Maulévrier, en Bas-Poitou: droits de forteresse, de poteau sur les foires et marchés, etc. Le 13 avril 1657, Mesdames de Laval-Lezay et de Neuillan produisirent une autre instance dont le résultat fut de les faire condamner « solidairement à des réparations » envers le duc de Roannez, Artus II Gouffier, depuis 1651 gouverneur du Poitou. De plus, pour la  » félonie  » de la première, ses fiefs relevant du comté de Maulévrier devaient être réunis à ce comté.[1]
Le 7 septembre 1658, nouvelle instance du représentant de Roannez qui exigeait des excuses publiques en présence de douze personnes de son choix : ses adversaires devaient « le reconnaître comme homme de bien et d’honneur » et lui verser une indemnité. Mais, le 24 juin 1659, éclatait une autre affaire à propos du caveau sépulcral des Cerqueux où ces dames avaient maintenu, indûment semble-t-il, les restes de leurs défunts. Il leur fallut donc subir une nouvelle amende et retirer leurs paroles injurieuses.[2]
Extrait du bulletin de la société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 3ème trim. 1972

 

 

[1] 1659, 6 septembre. — Arrêt du parlement de Paris en faveur de Marie Hennequin , veuve d’Henri Gouffier , marquis de Boisi , comme seigneur et comte de Maulévrier, contre Françoise du Puy du Fou, épouse de messire Hilaire de Laval, marquis de Lezay, par lequel Marie Hennequin, comme mère et tutrice d’Artus Gouffier, duc de Roannez, est maintenue dans le droit de faire établir ses poteaux et sauvegardes aux Cerqueux, de faire apposer ses armes au dedans et au dehors de l’ég1ise de ce lieu , de s’opposer aux lettres d’élection de la terre des Cerqueux et de la Cevrie en baronnie, et aux lettres de concession de foires et marchés aux Cerqueux, de faire exercer la haute justice dans le même lieu, etc. (Pièce communiquée par le curé des Cerqueux au savant bénédictin Dom Fonteneau, auteur d’une retranscription, au 18ème siècle, de nombreux actes concernant l’histoire du Poitou. Les originaux de ces actes ont disparus, pour la plupart, dans la tourmente révolutionnaire) T. 25, p. 123.
[2] B. M, Poitiers : recueils de Dom Fonteneau, t. XXV. Mme de Laval avait dû rétablir les armes des Roannez, faire combler le caveau et effacer une inscription dans la nef de l’église. A la fin du 18ème siècle la table du mausolée avec ses deux gisants de marbre existait encore, par terre près de l’autel du côté de 1’évangi1e où elle gênait les officiants. Finalement, Edmond-François Colbert devenu comte de Maulévrier fit retirer de ces tombeaux les ossements, objets du Litige.