Propriétaire de la Sévrie, du Pavillon et de la Tréveillère
Né à Niort (Deux-Sèvres), le 11 août 1756, mort à Bois-Rateau (Deux-Sèvres) en 1836. Il était le fils de Michel-Jean Chauvin, conseiller du roi et son avocat à la sénéchaussée de Poitou au siège royal de Niort, et de dame Henriette-Angélique Hersant. Il fut élevé chez les oratoriens de Niort, fit son droit à Poitiers, et s’établit avocat à Niort en décembre 1776. Chauvin-Hersant plaide assez peu, généralement pour le compte de bourgeois locaux et semble promis à une carrière somme toute modeste. La Révolution va lui permettre de sortir de la pénombre.
Il se fait connaître d’abord en participant à la polémique qui accompagne le choix du chef-lieu du département : il soutient la candidature de Niort dans deux brochures publiées en juin 1790. Quelques jours plus tard, sous-lieutenant à la 9ème Compagnie de la Garde Nationale de sa ville, il est membre de la délégation du district à la Fête de la Fédération à Paris, avant d’être nommé substitut du procureur de la commune de Niort le 14 Novembre, ce qui l’oblige à quitter les fonctions qu’il occupait depuis un an d’adjoint chargé de suivre l’instruction des procès criminels par le Maire de la Ville.
CHAUVINLe 9 Septembre 1791, Chauvin-Hersant est élu accusateur public du tribunal criminel, Charles Cochon de Lapparent accédant le même jour aux fonctions de président. Il est réélu au même poste le 16 Novembre 1792 quand Cochon, devenu membre de la Convention Nationale, laisse sa place à Briault. C’est à ce titre qu’il va devoir requérir la peine de mort contre cinq hommes accusés d’avoir participé aux troubles de Châtillon, puis qu’il va vainement tenter de faire rapporter le jugement du prêtre Hayer qui est exécuté le 3 Avril 93. La chute des Girondins est la cause du tournant pris par la carrière de Chauvin-Hersant. Membre de la Société des Amis de la Constitution de Niort depuis le 17 Novembre 1790, il a brigué sans succès la députation à l’Assemblée Législative l’année suivante. Plus chanceux en Septembre 1792, il est élu premier député suppléant à la Convention Nationale puis administrateur du département. Chauvin-Hersant prit prudemment place à la Montagne : «Je suis assis au pied de la Montagne, écrivait-il à ce moment, mais incessamment je monterai au faîte ». La mise en accusation et l’exécution du député girondin Duchâtel lui permet de prendre sa place en Juillet 1793. Il adopte une attitude prudente, se faisant élire au Comité d’Agriculture, Commerce et Ponts et Chaussées où il se montre d’ailleurs assidu et sérieux, membre de la « montagne », suivant Robespierre jusqu’à sa chute et votant contre lui au 9 thermidor, puis recevant mission de remettre de l’ordre dans la Vienne, la Haute-Vienne et la Creuse après Thermidor. A son retour à Paris, il publie un long rapport puis réintègre le Comité d’Agriculture et est élu en vendémiaire an IV au Conseil des Cinq Cents mais n’y siège qu’un peu plus d’un an, le tirage au sort l’en écartant en Germinal an V.
Il est alors coopté par les administrateurs du département pour les assister dans leurs travaux avant d’être élu membre à part entière et aussitôt président de l’Administration départementale le 21 Germinal an VII. En Mars 1800, il transmet ses pouvoirs à Dupin, premier préfet des Deux-Sèvres, devient aussitôt conseiller de préfecture puis secrétaire général de la préfecture (Le 25 pluviôse an XII, il joignit à ces fonctions celles de président du canton de Coulonges). Il conservera ce poste jusqu’à sa révocation le 30 Décembre 1814, puis le retrouvera au début des Cent-Jours avant d’être à nouveau élu député en Mai 1815. La chute de l’Empire et une candidature malheureuse à la députation en août de la même année mettent fin à sa vie publique. La seconde Restauration le rallia à la cause monarchique, en le nommant le 20 août 1816, président du tribunal civil de Niort. Il acceptera le modeste siège de conseiller municipal de sa petite commune d’Ardin où il s’est retiré au début de la Monarchie de Juillet, avant de s’éteindre le 25 Septembre 1836, après avoir été dès 1800, membre de la Société libre d’agriculture du département fondée par Dupin et être devenu l’un des initiés de la Loge maçonnique » l’Intimité de Niort » l’année suivante.
Le Patrimoine de Chauvin-Hersant
Quand il se marie en 1786, Chauvin-Hersant, avocat depuis dix ans, reçoit de ses parents une avance d’hoirie de 6 000 livres sous forme d’une rente annuelle de 300 livres pendant vingt ans. Avec la dot que lui apporte sa femme, il dispose d’un capital de 12 000 livres et de 900 livres de rentes ; ses honoraires lui permettent de déclarer un revenu annuel de 1 500 livres l’année suivante. En 1789, quand commence la Révolution, son revenu est passé à 2 500 livres.
Au cours de la Révolution, il hérite de biens (des terres et une maison) d’une valeur supérieure à 35 000 livres. Parallèlement Chauvin-Hersant acquiert des biens nationaux : en 1791, quelques terres à Brûlain pour 24 084 livres et une terre à Saint-Maixent-de-Beugné pour 24 300 livres.
En 1795, il se rend propriétaire du château de Bois-Rateau d’Ardin pour 41 000 francs payables en assignats. Sous le Directoire, il réalise de fructueux achats de terres et maisons dans les communes de Coulonges sur l’Autize, Saint-Pompain, Saint-Maixent-de-Beugné d’une part, château partiellement incendié (la Sévrie) et métairies à Saint-Aubin-de-Baubigné (le Pavillon et la Tréveillère) d’autre part, le tout pour près de 30 000 livres.
Le Consulat le voit acquérir une part du couvent des Carmélites de Niort pour 111 000 livres et des terres dans la commune du Temple ; sous l’Empire il y ajoute des prés près de Niort et d’autres à Ardin et à Brûlain (1807) puis une métairie à La Chapelle-Largeau (1809). Pour faciliter la gestion de son patrimoine Chauvin-Hersant procède à quelques ventes de 1803 à 1817 (cure de Saint-Maixent de Beugné, petite maison à Niort, terres à Brûlain et à Ardin) et à des achats de plusieurs terres situées près de son château de Bois-Rateau, voire à quelques échanges de parcelles.
Son patrimoine est estimé à 293 000 francs en 1815. Il était nul en 1789. Les héritages lui ont apporté environ 40 à 45 000 francs tant en terre qu’en numéraire. Le reste a été acquis avec un revenu qu’il chiffre lui-même à 3 500 francs par an en 1792, à 8 500 en 1799 et à 14 000 en 1811. Il n’a pu parvenir à constituer un pareil patrimoine qu’en profitant d’opportunités que ses fonctions administratives ou électives l’ont mis à même de saisir.
Par sa carrière, ses mandats électifs, ses achats de biens immobiliers, François-Augustin Chauvin-Hersant est l’archétype de ces petits bourgeois de province qui ont fait la Révolution, se sont identifiés à l’Empire et ont acquis le rang de notables locaux qu’ils transmettront avec leur patrimoine à leurs descendants.
(« Les Deux-Sèvres et la révolution française » CDDP 79). Document confié par L.L.