Eugène, Joseph GEORGES est né le 11 juillet 1894 aux Cerqueux.

C’est un agriculteur de 1m64, châtain aux yeux roux. Il est le fils de Pierre, Eugène Georges, né en 1869, domestique au bourg et de Olympe Eugénie Jadeau. Ces derniers se sont mariés le 23 avril 1893 aux Cerqueux.

Il porte le n° 856 au recrutement de Cholet et est incorporé le 9 septembre 1914 au 167ème RI de Toul sous le matricule 4101.

Son régiment participe à la bataille de la Woëvre et des Hauts-de-Meuse en 1914 avant d’effectuer des opérations en Argonne (janvier et mai à novembre 1915) dans le secteur de Saint-Thomas.

La bataille de Champagne

Fixée à la date du 25 septembre, l’offensive générale du Groupe de nos Armées du Centre se déclencha entre la vallée de la Suippe et la lisière ouest de la forêt d’Argonne, dans ces plaines nues et grises.

Cette lutte de douze jours porte dans l’histoire le nom de bataille de Champagne. Elle évoque symboliquement un dessein, vite abandonné, de retour à la guerre de mouvement, et une libération relativement importante de terre française. Au point de vue technique, elle marque une étape bien déterminée de la guerre.

Ce fut la première fois qu’on vit donner tant de valeur à la préparation d’artillerie.

Jamais non plus on n’avait remué autant de terre pour procurer aux troupes d’assaut de propices emplacements de départ.

L’infanterie disposait de mitrailleuses en nombre sensiblement plus élevé, et elle allait se servir pour la première fois des grenades modernes, grenades à fusil ou grenades à main, munies d’une mise à feu à temps.

L’offensive commença le 22 septembre, la préparation d’artillerie, formidable, incessante, plongeant les Allemands dans la stupeur et l’effroi.

Elle broya d’abord à grande distance les bivouacs de cantonnement et les bifurcations de voies ferrées.

Puis, sous la pluie de nos projectiles, l’ennemi vit sa première position anéantie, et tout ravitaillement lui devint impossible. Pendant soixante-quinze heures, sans arrêt, et par cent mille, nos obus écrasèrent tranchées, abris, boyaux, fils de fer et défenseurs.

Des officiers allemands calculèrent que, dans un secteur de cent mètres de largeur sur un kilomètre de profondeur, il était tombé 3600 projectiles par heure.

Un temps très beau et très clair favorisait le réglage et aidait fort à propos l’adresse de nos canonniers.

Les troupes passèrent la nuit du 24 au 25 dans les places d’armes, à l’arrière des crêtes, en attendant l’heure H, qui devait donner à tous le signal de l’assaut.

Ce déplacement à travers l’étroit réseau des boyaux et des parallèles n’alla pas sans peine pour la plupart des régiments et bataillons, les ordres de départ ayant souvent été donnés avant que le passage fût libre. La première et la deuxième ligne regorgèrent bientôt de soldats dont les rangs pressés et immobiles arrêtaient la marche de ceux qui suivaient.

Dans la nuit opaque, sous la pluie presque incessante, bien des cohues jetèrent les combattants les uns sur les autres, sans altérer leur entrain ni leur belle humeur.

Le 25 septembre,le jour paraît, gris et humide ; l’heure H est fixée à 9h15… Un commandement part : « En avant ! Vive la France !! » Sans hésitation, sur toute la largeur de l’immense front, les fantassins bleus bondissent au-dessus des parallèles de départ et s’avancent en vagues simultanées et correctement alignées.

La surprise de l’ennemi est si complète que ses tirs de barrage restent sans intensité.

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L’Historique du 167ème Régiment d’infanterie raconte :

L’activité fébrile de ces derniers jours révèle aux hommes l’imminence d’une attaque d’envergure. Ce sera la grande offensive de Champagne. L’action en Champagne se concentrera essentiellement sur un front de 25 km entre Aubérive  et la Main de Massiges. Rien n’est laissé au hasard. Pour la première fois des moyens considérables sont confiés aux Français pour mener cette attaque. 29 divisions d’infanterie et 6 divisions de cavalerie seront opposées aux 7 divisions d’infanterie allemandes. Des travaux considérables ont été entrepris. 1100 canons de tous calibres assommeront les défenseurs allemands.

Le régiment est dirigé de nuit, le 20 septembre, sur la route de St-Thomas à Servon. Aussitôt on se met au travail pour organiser le terrain. Une activité qui alerte les Allemands. Le lendemain, nos troupes ont droit à un bombardement en règle. La 167ème attaque à l’extrême gauche. Devant nos lignes, couvrant la crête sur laquelle se glisse le chemin de Servon à Binarville, s’étend le bois en « dents de scie », premier objectif du 167ème  régiment. L’objectif éloigné est La Mare-aux-Bœufs, à l’ouest de Binarville. Le 24, à partir de 8h00, l’artillerie française déclenche un bombardement destiné à anéantir les premières lignes allemandes. Tir auquel répond rapidement l’artillerie allemande. Le 25 septembre, à 9h15, notre tir cesse, et quatre lignes de tirailleurs sortent des tranchées françaises, se dirigeant vers la crête de Servon. Les choses sérieuses commencent. Les tirailleurs atteignent les tranchées ennemies. A droite, le 3ème  Bataillon est reçu par un feu nourri. Au centre, des éléments du 2ème  bataillon investissent les premières positions allemandes. L’Aspirant Charlot de la 5e Compagnie pousse l’avantage jusqu’aux batteries allemandes où il se fait tailler en pièces lors d’une contre-attaque vigoureuse. Les 3ème et 4ème vagues doivent couvrir une distance de 1000 mètres en terrain découvert. Le résultat ne fait pas attendre. Artillerie et mitrailleuses se chargent de briser cet élan. Les pertes sont sérieuses. A gauche, le 1er Bataillon s’est porté sur le bois en dents de scie. Les 2ème et 4ème compagnies se glissent du côté ouest, évitant le saillant sud, très fortement organisé, tandis que les 1ère et 3ème compagnies le contournent par la droite.

Cernés, les Allemands luttent avec l’énergie du désespoir mais doivent se rendre. Toute la première ligne de tranchées est en possession de nos troupes. De la deuxième ligne part un feu violent. Des tirailleurs allemands s’y sont retranchés et résistent. Le régiment se rend maître des dernières positions sur la crête de Servon. C’est là que se révèle à ses yeux une nouvelle ligne de défenses non entamées par notre artillerie. Au prix d’importantes pertes, ces tranchées sont enlevées. Le régiment continue sa progression, descendant les pentes vers le ruisseau de la Noue Dieusson.

Près de 3 km de terrain ont été enlevés aux Allemands. La troupe est fourbue, désunie, décimée ; ses principaux chefs sont hors de combat. L’ennemi profite de ce moment de flottement pour organiser une contre-attaque. L’artillerie teutonne déclenche un tir de barrage, épaulant des troupes qui surgissent des vergers de Servon sur notre flanc gauche. Le Commandant Jeanpierre et le sergent Barthélémy des 2ème et 1er  bataillons parviennent tout juste à enrayer le retour offensif de groupes allemands de plus en plus nombreux. L’enthousiasme du début n’est plus. Nos soldats refluent.

Pour le général Riberpray la Division s’est bravement comportée, a accompli la mission de sacrifice qui lui avait été confiée. Elle pleure ses morts. Ce qu’il ne signale pas c’est que si cette offensive a démontré aux Allemands la vigueur de l’Armée Française, les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances. 16 000 prisonniers, 150 canons et 4 km de terrain gagnés. Pour cela, 200 000 Allemands et 140 000 Français ont été tués, blessés ou portés disparus. L’offensive de Champagne est stoppée le 28 septembre.

En ce qui concerne le 167ème RI, les pertes sont très sérieuses. Pour la seule journée du 25 septembre, on compte 9 officiers tués, 17 blessés et 10 disparus. Parmi la troupe, on compte 87 tués, 505 blessés et 441 disparus, soit plus de 1 000 hommes mis hors de combat en une journée. Le régiment et la Division étant destinés finalement à détourner des troupes ennemies des forces françaises principales, ont manqué de soutien d’artillerie, ont été confronté, à leur grande surprise, à des blockhaus habilement dissimulés et dont l’efficacité a causé des ravages dans leurs rangs. De plus les renforts n’ont pas suivi et sont massivement restés en arrière au lieu de flanquer les troupes de ligne.

Eugène GEORGES est grièvement blessé le 25 septembre, au moment de l’offensive de Champagne, au cours des combats de Saint Thomas en Argonne.  Il est transporté à Sainte-Ménehould (Marne) à moins de 20 kms au sud de Saint Thomas. Il y décède des suites de ses blessures de guerre le 10 octobre 1915 à 16h50 à l’hôpital Valmy. Il avait un peu plus de 21 ans.

TOMBE gEORGE

L’acte de décès est transcrit aux Cerqueux le 2 février 1916 et son corps est rapatrié ensuite puisqu’on peut voir sa tombe dans le cimetière de la commune.

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