René, Eugène BREMOND est né le 24 août 1890 aux Aubiers (79). Il est le fils de Louis Brémond, né en 1862, cultivateur à La Villette, et de Victoire Gourdon, née en 1867. Au début de la guerre il était cultivateur à La Robardière, ainsi que son frère Théophile.

Il a les cheveux châtains, les yeux foncés et mesure 1m66.

Il porte le n° 709 au recrutement de Cholet.

Il est mobilisé le 3 août 1914 au 77ème régiment d’infanterie sous le matricule 6941. Il sera nommé Caporal le 21 mai 1915, sans doute suite à sa citation à l’ordre de la division ci-dessous.

Il a obtenu des félicitations par la voix du Général Commandant la 18ème Division d’infanterie et est cité à l’ordre de la division le 29 janvier 1915, ordre n° 80 :

« S’est tout particulièrement distingué dans son rôle spécial d’agent de liaison pendant toute la journée du 23 janvier 1915. Malgré un bombardement des plus vifs, ne cessant de faire montre nuit et jour du courage et de l’énergie dignes du plus grand éloge depuis le début de la campagne dans la transmission des ordres. » Attribution de la Croix de Guerre.

Mai et juin 1915, la guerre en Artois.

Les opérations de mai et juin, en Artois, ont eu pour but primordial, tout en recherchant sur un point sensible la rupture du front adverse, de venir en aide à nos alliés russes en retenant devant nous le plus possible de forces allemandes; en même temps elles devaient assurer à l’Armée italienne la sécurité nécessaire dans la période délicate de sa mobilisation et de sa concentration.

Sur la demande du Commandant en chef, le général Foch, commandant le groupe provisoire du Nord, établit le projet détaillé d’une opération offensive puissante à monter dans la région au nord d’Arras.

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Ce plan comporte une attaque principale menée par trois Corps d’Armée, ayant pour objectif la crête de Vimy (cotes 119, 140, 132), et appuyée par deux attaques de flancs, l’une au nord, visant la crête de Notre Dame de Lorette et l’éperon nord de Souchez, puis la cote 119; l’autre au sud, ayant pour objectif les cotes 96, 93 et s’étendant jusqu’à la Scarpe.

La crête de Vimy, objectif principal, domine toute la plaine qui s’étend jusqu’à Douai, et la tient sous son canon.

Par son commandement étendu, comme aussi par la nature du terrain qu’elle domine, cette position en tombant entre nos mains pouvait entraîner une rupture d’équilibre des forces ennemies et donner lieu, par suite, à de très importants résultats.

Le 10 juin nous entreprenons un tir systématique de démolition sur les organisations ennemies.

L’objectif principal est toujours la crête de Vimy (cotes 119, 140, la Folie, cote 132, Point du Jour).

Sur ce front d’environ 10 kilomètres sont disposés, du nord au sud: le 33ème Corps, le 9ème Corps, le 2ème Corps, renforcé de la 53ème division, les 10ème et 17ème Corps.

L’attaque sera flanquée à gauche par le 21èmeCorps qui masquera Souchez par le nord et agira sur les bois de Givenchy, les réserves de l’Armée comprenant les 55ème et 153ème divisions, le 3ème Corps et le 2ème Corps de cavalerie.

Les 13 et 14 juin, notre artillerie exécute pendant plusieurs heures des tirs violents à cadence rapide, simulant les préliminaires d’attaque. L’ennemi est ainsi entretenu dans la croyance à une invariable préparation immédiate d’artillerie précédant l’assaut d’infanterie.

Le 16 juin, nos lignes partent à l’attaque vers midi, en même temps que se déclenche le tir d’efficacité de toutes nos pièces d’artillerie, y compris les contre-batteries.

De ce fait, la surprise de l’ennemi a été à peu près complète et nos pertes s’en trouvent sensiblement réduites.

Mais, tandis que les 21ème et 33ème Corps avancent assez rapidement, les autres Corps progressent médiocrement et avec difficulté.

En fin de journée, le 21ème Corps et la division marocaine ont réalisé de sérieux progrès au nord-ouest d’Angres, sur le plateau de Notre Dame de Lorette, et au sud-ouest de Souchez.

Mais au 9ème Corps et à la gauche du 2ème, de très violents tirs de barrage ont arrêté notre élan ; enfin, à la droite du 20ème Corps les contre-attaques de l’adversaire nous font perdre rapidement le terrain gagné d’un premier bond.

Le 17 juin, nous ne faisons aucun progrès.

Journal de marche du 77ème :

Mardi 15 juin : Dans la nuit des 15 au 16 juin, le régiment prend ses emplacements pour l’attaque.

Mercredi 16 juin : A 2h30, le régiment est en place, formé de 4 vagues de chacune 3 compagnies.

La première vague, comprenant les 2ème, 3ème et 4ème compagnies, occupe la parallèle de départ. La seconde vague, comprenant la 5ème, 6ème et 7ème Cies, occupe la seconde parallèle. La 3ème vague, comprenant les 10ème, 11ème et 12ème compagnies, occupe la tranchée de première ligne. La 4ème vague, comprenant les 1ère, 8ème et 9ème compagnies, occupe les tranchées de seconde ligne. Elle ne doit partir que sur les ordres du colonel.

Vers 10 heures arrive l’ordre fixant à 12h15 l’ordre général d’attaque sur tout le front de l’armée. A partir de 11 heures, le bombardement d’artillerie augmente d’intensité des deux cotés. Plusieurs victimes dans les tranchées et parallèles.

A 12h15, la 1ère vague sort de la parallèle de départ et se lance à l’assaut. Les compagnies de droite et de gauche sont arrêtées par des défenses accessoires en fils de fer barbelés situées devant les tranchées allemandes. La compagnie du centre trouve un passage à travers les fils de fer et traverse la première tranchée allemande. Mais toutes sont fauchées par les mitrailleuses allemandes, les survivants sont obligés de se replier.

La 2ème vague n’arrive pas assez tôt pour apporter un secours efficace et l’ennemi a le temps de réoccuper la tranchée avant son arrivée. Elle est arrêtée par le feu des mitrailleuses et par les coups tirés de la tranchée par l’ennemi qui l’a réoccupée.

La 3ème vague arrive presqu’en même temps que la 2ème, mais malgré un effort désespéré, elle subit le même sort et ne peut passer. Les victimes sont nombreuses. 19 officiers sont tués, blessés ou disparus. Le nombre total des victimes tuées, blessées ou disparues atteint environ 780 !! Les survivants regagnent la tranchée à la tombée de la nuit.

Dans la nuit du 16 au 17 juin, le 77ème est relevé par le 135ème.

A Neuville-Saint-Vaast, au hameau de la Targette, une nécropole française jouxte le « La Targette British Cemetery ». Le strict alignement des croix françaises contraste avec la volonté paysagère et architecturale des Britanniques, marquée notamment par deux élégants mausolées de style indien. La Nécropole est créée en 1919 par regroupement de cimetières de guerre et de sépultures isolées, dans le hameau de La Targette à Neuville-Saint-Vaast. Elle rassemble les corps de 12.210 soldats de 1914-1918 et 1939-1945. Les soldats français de 1914-1918 sont les victimes des combats de la bataille d’Artois (1915) au nombre de 11.443 dont 3.882 en ossuaire. Ils côtoient 767 soldats français morts en 1939-1945. En ossuaire sont également inhumés 169 belges. Au total le cimetière contient 8.159 tombes.


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La tombe de René Brémond à La Targette

 René BREMOND est tué à l’ennemi lors de l’attaque du 16 juin 1915 à la côte 123 entre Souchez et Neuville St Vaast (62). Il fait partie des 780 victimes évoquées ci-dessus. Il allait avoir 25 ans. Son acte de décès est transmis aux Cerqueux le 27 janvier 1921 suite au jugement du 30 décembre 1920 du tribunal de Cholet. Il est inhumé à la nécropole de « la Targette » à Neuville St Vaast, carré 3, rang 1, n° 53.

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