Le 22 juillet 1789, jour de la Madeleine, les agents des sociétés secrètes, ennemis de la religion et du roi, s’imaginant que la révolution était faite dans les esprits, députèrent, mystérieusement, de la capitale des émissaires qui firent un appel aux armes, pour repousser une invasion prétendue des puissances étrangères.

Des courriers, porteurs de dépêches d’origine inconnue, furent envoyés dans toutes les paroisses, et y annoncèrent avec grand effroi « que les ennemis, les Anglais, étaient débarqués aux Sables ; qu’ils s’avançaient à marche forcée et que déjà ils étaient maîtres de Nantes.

A Maulévrier on répandit le bruit qu’ils occupaient Cholet, etc … La ruse était grossière sans doute, et néanmoins elle fut acceptée par tout le monde. Le tocsin battit dans tous les clochers à la fois, les habitants accoururent tout effarés dans les bourgs, pour s’enquérir du danger. Un bon nombre d’hommes s’armèrent à la hâte de tout ce qu’ils trouvèrent sous la main, et avancèrent vers les lieux qu’on disait menacés. Les habitants des Echaubrognes et ceux de Maulévrier coururent porter secours à la ville de Cholet …

Mais nulle part l’ennemi ne parut, et le lendemain tout redevint calme comme auparavant. C’était un ballon d’essai ; les meneurs furent satisfaits en voyant le pays si facile à électriser ; ils le crurent gagné à leur cause, mais ils n’avaient fait que jeter les paysans dans une sombre inquiétude et se les aliéner davantage.

Source : Shenandoah Davis