Ce fut le premier soldat des Cerqueux tué à la guerre. Il se nomme Joseph, Auguste FUSEAU et est né le 3 février 1889 au Pin (79). Il est le fils de Auguste Fuseau, né en 1854, agriculteur au Pin, et de Hortense Gabet, née en 1861. Il a un frère, prénommé Alexandre, gagé à La Mousserie, aux Cerqueux.[1]
Au moment de la guerre, il est agriculteur à la Maison-Neuve des Cerqueux. Lui et son frère sont quasiment voisins. Il a les cheveux et sourcils châtains, les yeux roux et mesure 1,66 mètre, taille habituelle pour l’époque.
Il porte le numéro 1141 de la classe 1909 au recrutement de Cholet.
Il effectue son service militaire du 5 octobre 1910 au 25 septembre 1912 au 150ème Régiment d’Infanterie, basé à Verdun.
Dès la mobilisation, le 3 août 1914, il incorpore comme soldat sous le matricule 5417, le 77ème Régiment d’Infanterie basé à Cholet.
Il disparait au combat le 29 août 1914 à Attigny, entre Rethel et Vouziers dans les Ardennes. Il avait 25 ans et demi. Le jugement statuant sur sa disparition est daté du 12 mars 1926 et transmis à la mairie des Cerqueux le 24 mars 1926, près de 12 ans après sa mort…
Ci-dessous, du plus large au plus réduit, quelques témoignages sur ces journées qui ont vu la disparition de Joseph Fuseau. Le 77ème Régiment d’infanterie était alors fortement engagé dans la protection de la retraite des 3ème et 4ème Armées Françaises et leur passage de l’Aisne.
« Il fut décidé, le 28 août, qu’on tenterait de rejeter les Allemands sur la Meuse. Toutes nos troupes se portèrent résolument à l’attaque. Le bois de la Marfée fut complètement dégagé, Noyers fut enlevé sans coup férir. Mais nous ne pûmes reprendre les usines de Pont-Maugis où l’ennemi avait rassemblé de nombreuses mitrailleuses. Néanmoins l’entrain de nos troupes était magnifique. Et quand, au soir du 28 août, l’ordre de retraite arriva, ce fut une déception générale au 11e Corps.
Dans cette même journée, le 9ème Corps engageait un des plus rudes combats de la retraite française; cette bataille de Signy-l’Abbaye-Rethel, qui se prolongea jusqu’au 30, fut livrée, du côté adverse, en présence du Kaiser.
Mais, au point du jour, la division marocaine était violemment attaquée par des forces considérables, qui cherchaient à enlever Launois. Les soldats du général Humbert allaient succomber quand un bataillon du 32ème régiment d’infanterie, deux bataillons du 77ème et un groupe d’artillerie de la 17ème division accoururent à leur secours. Les Allemands, surpris, s’arrêtèrent. La division marocaine put se replier, après avoir subi de nouvelles pertes.
Les Allemands, soutenus par une formidable artillerie, réussirent dès le matin à prendre pied dans Auboncourt, où une brillante contre-attaque du 77ème régiment d’infanterie arrêta leur progression. Malheureusement l’ennemi s’était installé dans Bertoncourt que les cavaliers de la 9e division avaient évacué pour la nuit. Le général Dubois ordonna aux cavaliers de la 9e division de couvrir le flanc droit du repli et de se sacrifier au besoin pour le salut de l’Armée. »
Le Journal de Marche du 77ème RI témoigne :
28 Août : Le régiment prend la direction de Launois, Neuvizy, Sorcy. Le régiment est flanc-garde de gauche du 9ème corps d’armée. Il a à sa gauche la 9ème division de cavalerie. Le 2ème bataillon est flanc-garde du régiment et subit quelques pertes. Au cours de la journée, quelques éléments creusent des tranchées au-dessus du village de Mondigny. La nuit venue, ces éléments quittent Mondigny pour aller coucher à Guignicourt où ils ne restent que quelques heures.
29 Août : Le régiment quitte Guignicourt pour aller soutenir la division marocaine qui se bat à Launois. Ce jour-là, le capitaine Maitrejeau et le lieutenant Pinguet sont blessés et faits prisonniers.
30 Août : Le régiment soutient à Faux un combat acharné, le sous-lieutenant Baimbrué est tué. L’artillerie française soutient énergiquement l’infanterie et fait subir des pertes sérieuses aux Allemands. Dans la soirée, le régiment reprend sa marche de retraite, les patrouilles ennemies suivent de près.
L’historique du 77ème RI relate : « Le combat s’engage vers 8h00 le 29 août[2] et dure jusqu’à 11h00. Tous les hommes sont électrisés, ils veulent coûte que coûte arrêter l’ennemi. Celui-ci est en avant, à gauche, à droite, des balles arrivent même derrière. L’ordre de se replier arrive et le bataillon traverse le village où il essuie des rafales de mitrailleuses tirées des maisons dans lesquelles l’ennemi s’est infiltré. Des boches costumés en civil se sont cachés et fusillent nos hommes à bout portant mais une prompte intervention à la baïonnette en vient à bout… »
Un soldat raconte dans son journal : « A Attigny, les hommes s’étaient jetés dans les caves des maisons évacuées. Les bidons s’étaient remplis de cidre, de vin. Les bouteilles de liqueur avaient été aussi réquisitionnées en cachette. Et les hommes, content d’eux, venaient m’en offrir. La fatigue, les circonstances peuvent excuser bien des choses. J’en bus et en fus réconforté. A mon camarade Le Goffe, je pus offrir un quart de vin, un peu de singe et un crouton de pain. Il nous quitta pour aller à la recherche de son régiment. Nous marchions toujours; aux haltes, à peine assis que l’on dormait. Il fallait pourtant s’éloigner.
Les Boches s’apprêtaient à passer l’Aisne, comme nous, à Attigny.
Le soir, nous trouva dans un champ (le bataillon seul). Une énorme meule de blé nous procure un lit à tous. A la belle étoile, sans manteau, sans couverture. Mais quelle belle nuit et combien fraîche ! C’était entre Attigny et Machault, près d’un village appelé « Pauvres ». »
Le cimetière militaire d’Attigny (08)
Par François GOGLINS (Travail personnel) [CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons