Source : bulletin municipal de janvier 1997
Avant 1903, date de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il n’était pas question d’écoles publiques ou privées, elles étaient toutes publiques.
Plus ou moins sous la tutelle du clergé, en particulier dans les petites paroisses, où l’instituteur était tenu, le dimanche, de conduire ses élèves à la messe où, souvent, il exerçait les fonctions de sacristain ou de chantre tandis que les enseignantes, souvent des religieuses, avaient la charge de l’entretien des ornements sacrés et du linge de la sacristie ainsi que de la propreté de l’église.
En 1903, les enseignants ont du choisir entre deux statuts :
– Public : payés par l’Etat, neutres, autrement dit laïques, selon le vœu de Jules Ferry (ne donnant pas d’enseignement religieux), d’où le nom d’ »Ecoles laïques ».
– Privé : payés par la Paroisse, libres de donner un enseignement religieux, d’où le nom d’ »Ecoles libres ».
Aux Cerqueux de Maulévrier, l’école des garçons est restée publique (laïque) jusqu’en 1939, date de l’ouverture de l’école privée (libre), dans un local construit par la paroisse, route d’Yzernay. Elle a vidé l’école publique.
L’école des filles est restée publique dans le bâtiment primitif, place de l’église (actuellement démoli), jusqu’à la fin de la guerre 14/18, sans élèves depuis de nombreuses années, car les sœurs de La Salle de Vihiers avaient ouvert une école privée, route de Somloire, en 1903. (Le bâtiment abritant cette école fut transformé en bibliothèque et foyer des jeunes en 2014)
L’école des filles, puis l’école des garçons en 1939, sont devenues privées parce que le Maire et la population tenaient à l’enseignement religieux dans les écoles.
Historique de l’enseignement primaire aux Cerqueux.
Jusqu’à la révolution de 1789 et même après, jusqu’au milieu du XIXème siècle, l’enseignement primaire était donné en France par les Frères des Ecoles Chrétiennes et par les religieuses des différentes congrégations dans les villes et les campagnes, du moins dans les agglomérations plus importantes. Mais beaucoup de petites paroisses n’avaient pas d’école. L’enseignement était donné par les curés ou par les vicaires aux garçons qui le désiraient. A en juger par les actes d’état-civil de l’époque, bien peu nombreux étaient ceux qui savaient lire ou écrire aux Cerqueux. La plupart des actes se terminent par cette mention concernant les déclarants : « qui déclare ne savoir signer »
La révolution ayant chassé un bon nombre de religieux et de religieuses et ayant confisqué leurs biens y compris collèges et maisons d’éducation, l’enseignement fut totalement désorganisé.
Avec Napoléon, une certaine réorganisation s’opère, au moins dans l’enseignement supérieur. Il faut attendre Louis-Philippe et la loi Guizot en 1833. Celle-ci fait obligation à chaque commune d’ouvrir une école primaire pour permettre à ceux qui le désirent de la fréquenter.
L’obligation scolaire jusqu’à 12 ans ne sera établie qu’en 1832 par la loi que Jules Ferry fera voter, déclarant l’école publique laïque et obligatoire. Aux Cerqueux, il faudra attendre 1842 pour avoir la première ouverture d’école.
D’après un acte daté du 21 janvier 1842, chez Maître Baguenier-Desormeaux, notaire à Maulévrier :
« Pierre Vaillant, Curé des Cerqueux de Maulévrier, vend à Pierre Papin, Maire des Cerqueux de Maulévrier, une maison joignant au Nord le cimetière, au levant et au midi la place de l’église, à l’ouest le jardin de la cure, maison bâtie par le curé sur un terrain appartenant à la commune, anciennement faisant partie du cimetière. La maison devient propriété de la commune pour 1 000 frs, en vue d’ouvrir une école.
Celle-ci est tenue par une institutrice laïque. Elle reçoit filles et garçons (dont 10 gratis, les autres paient 1 franc) soit une trentaine sur cinquante d’âge scolaire. »
L’école achetée en 1842 est à droite, couverte de vigne
En 1848, sur demande de Monsieur le Curé et de Monsieur le Maire, la Supérieure de la Congrégation de la Salle de Vihiers promet deux sœurs. La commune devra fournir maison et jardin, mobilier pour la ou les classes, dortoir et cuisine, un traitement de 300 francs par an plus rétributions mensuelles, réparations et impôts. Les sœurs garderont en propriété ce qu’elles auront acquis par la suite. Elles commenceront la classe en 1848.
En 1853, l’école publique et gratuite est agrandie grâce à une fondation fournie par le curé. Cependant, une rétribution est prévue de 1,50 francs pour les élèves de plus de dix ans et de 1 franc au-dessous.
En 1860, le conseil municipal décide l’ouverture d’une école pour les garçons, « ceux-ci ayant besoin d’une main plus ferme pour les tenir »avec acceptation d’un maître laïque, à titre provisoire, en attendant un religieux.
En 1861, une pièce est louée dans la maison Drouet et une délibération est tenue pour un achat de terrain.
En 1862, la maison Rotureau [1] est achetée pour l’école et un logement est loué pour les époux Papin, instituteur.
En 1865, l’école de garçons est construite en même temps que la Mairie attenante.[2] Elle ouvrira en 1866.
L’école construite en 1866. (Photo C. Port ADML)
En 1867, une adjointe est nommée à l’école des filles.
Jeanne Teingé (Sœur Saint Valentinien), qui exerce aux Cerqueux depuis 1877, ouvre un pensionnat en 1884. Elle aura jusqu’à 11 pensionnaires et pour adjointe Marie-Louis Renou (Sœur Sainte Félicie)
En 1902, un adjoint est nommé à l’école des garçons qui accueille 70 élèves pendant l’hiver. La même année, le conseil municipal émet un avis favorable à une demande que la congrégation de la Salle de Vihiers a formulée en vue d’obtenir l’autorisation prévue par les articles 13 et 18 de la loi du 1er juillet 1901 pour l’école publique des filles. L’école devient alors une école libre et il n’existe donc plus d’école publique de filles aux Cerqueux.
En 1903, le sous-préfet met en demeure le conseil municipal de construire une école publique de filles. Le conseil municipal refuse. Dans le même temps, les sœurs ouvrent une école libre pour les filles dans un nouveau local, route de Somloire. L’ancien local[3], occupé précédemment par les sœurs, reçoit une institutrice publique[4]. Quelques élèves fréquentent l’école jusqu’à la fin de la guerre 14/18. Mais les bâtiments tomberont peu à peu en ruines, le maire refusant de les entretenir malgré les mises en demeure répétées du Sous-préfet et de l’inspection primaire. Elle sera démolie en 1942.
Au sujet du refus d’entretien par la municipalité, voir l’intervention de Georges Clémenceau ainsi que le descriptif qu’il fait de l’école en novembre 1913. (note du webmaster)
En 1939, une école libre de garçons est ouverte par le curé Braud, dans un local neuf, route d’Yzernay. Il n’y a alors plus d’école publique aux Cerqueux.
Ont exercé à l’école des filles depuis 1903 :
- 1903 : Marie-Josèphe Legoff
- 1906 : Marie-Anne Prono et Augustine Bellier
- 1912 : Marie-Anne Thébault
- 1917 : Françoise Gauvin
- 1933 : Marie Bourgeais (Sœur Saint Augustin)
- 1956 : Marie Rivereau (Sœur Marie Adèle)
- 1960 : Marie Tessier (Sœur Marie)
- 1962 : Marie Landreau (Sœur Marie-Rose)
- 1967 : Simone Brunet (Sœur Marie de Lourdes)
Ont exercé à l’école publique de garçons (jusqu’en 1939) :
- 1860 : Jean Charrier
- 1862 : Jean Berthineau
- 1867 : Pierre Verret
- 1868 : Jacques Noyer[5]
- 1901 : Guichard
- 1903 : Jules Humeau[6]
- 1926 : Louis Brazier
- 1940 : fermeture de l’école publique et ouverture de l’école privée où officieront Mr et Mme Joncheray jusqu’en 1978, remplacés par Mr Michel Cousseau.
Adjoints de l’école de garçons :
- 1904 : Mr Lemanseau [7]
- 1908 : Joseph Cussonneau puis Clémentine Naulet
- 1913 : Mr Péneau
- 1919 : Mr Poteau
- 1920 : André Puisais
- 1922 : Mr Hacault
- 1923 : Mrs Rouger et Charbonnier
- 1924 : Mmes Yvonne Dauphin et Gabrielle Ferré
- 1926 : Fernand Foata
- 1927 : Jean Hobé
- 1928 : Charlotte Barreau[8]
Entre les deux guerres et ensuite, les enfants fréquentaient l’école jusqu’à l’âge de 14 ans. Ils passaient le certificat d’études primaires (certains passaient le certificat d’études supérieures) et ensuite apprenaient un métier. Souvent, ils choisissaient celui de leurs parents, ainsi les fils de fermiers devenaient fermiers.
Rares sont ceux qui poursuivaient des études supérieures, soit par manque d’argent soit, aussi, parce qu’il était plus facile, à l’époque, de trouver du travail.
La cantine scolaire n’existait pas, les enfants des fermes apportaient leur déjeuner qu’ils prenaient chez les habitants du bourg qui voulaient bien les recevoir.
Groupe d’écoliers au début du XXème siècle
Entre les deux guerres, les enfants étaient, en moyenne, une centaine à fréquenter les écoles du bourg. Ils venaient à pied, quel que soit le temps et la distance.
L’essentiel de cet article est paru dans le bulletin municipal « la vie communale » des Cerqueux de janvier 1994. Il a été rédigé par Monsieur François Joncheray[9] et remis à la Mairie en début d’année 1993.