Les registres d’état-civil fournissent d’intéressantes informations sur les métiers présents dans le bourg des Cerqueux à différentes époques. On y voit aussi comment les métiers peuvent se transmettre de père à fils ou à gendre pour installer des générations de tisserands, par exemple. Je me suis volontairement limité aux métiers présents au centre du village en omettant ceux pouvant être exercés dans certains gros hameaux tels que la Grande Troche, le Grand-Village (la Margirandière), la Sévrie ou Daillon par exemple…
Certains noms ou mots sont des liens renvoyant vers d’autres pages de ce site traitant plus longuement  du sujet ou de la personne.
Concernant les vieux métiers et leur signification, je  conseille fortement l’excellent site de D. Chatry : http://www.vieuxmetiers.org/
En 1700, sous Louis XIV (Environ 430 habitants)
  • Le Tailleur d’habits: C’est Jacques DROUET (1655-1720) qui exerce ce métier aux Cerqueux. En 1687 il a épousé Marie TURPAULT dont il a eu 7 enfants.  Il est donc le premier d’une longue dynastie de DROUET tailleurs d’habits ou tisserands.
  • Le Maréchal-ferrant: André GUILLOTEAU, époux de Perrine RENAUDIN puis de Marie MARTIN exercera ce métier de 1685 à 1726. Il consiste essentiellement à ferrer les bœufs et les quelques chevaux  présents sur la paroisse ainsi qu’à façonner des outils agraires, de cuisine ou de jardinage, à l’identique d’un taillandier ou d’un forgeron
  • Le Charpentier: Laurent CHABAUTY, époux de Jacquette VITET exerce ce métier.
  • Le Tisserand: Estienne CHIRON, époux de Marie FROUIN, est tisserand de 1681 à 1706.
  • L’Aubergiste : L’auberge est tenue par Mathurin LOYSEAU.
  • Le Sergent: Il est chargé de faire appliquer les sentences de la justice Seigneuriale. Ce rôle est tenu par Gilles VITET, né en 1664 et marié depuis 1688 à Louise FRIBAUT. Il est le fils de Jacques VITET, notaire Royal décédé en 1693. C’est ce dernier qui réalisera l’inventaire de la chambre de Françoise d’Aubigné en 1686 à la Sévrie.
  • Le Notaire: Joseph VITET est notaire depuis 1693, année où il a remplacé son frère Jacques. Il le sera jusqu’à son décès en 1727. Il est l’oncle de Gilles VITET, le sergent.
  • Le Marchand: De 1695 à son décès en 1748, François BAUDIN, époux de Florence GROLLEAU, exercera ce métier.

ouvriers-moyen-age

En 1750, sous Louis XV (Environ 480 habitants)
  • Les Tailleurs d’habits: Il en existe deux en 1750. Pierre DROUET (1722-1803), époux de Madeleine RICHARD et petit-fils de Jacques, déjà tailleur d’habits en 1750. Une autre dynastie vient aussi de débuter avec Jacques GOILOT, époux de Marie GODIN, qui sera tailleur d’habits de 1730 à 1760. Ses enfants et petits-enfants prendront sa suite.
  • Le Tisserand: François DROUET (1717-1774), époux de Marie CHEMINEAU, et frère de Pierre, le tailleur d’habits ci-dessus, est tisserand.
  • Le Maréchal-ferrant: François GUILLOTEAU, qui épousa Jeanne BAUDOUIN en 1720, a succédé à son père André qui était là en 1700. Il exerce son métier de Maréchal-ferrant en compagnie de son gendre, René AYRAULT, époux de sa fille Simone.
  • Les Cordonniers: A partir de 1740, André LEVEILLE, époux de Jeanne GODIN, est cordonnier en compagnie de son frère, François-Jacques (1723-1784) époux de Louise PIDOUX.
  • Le Charpentier: A partir de 1735, Joseph DILLON (1711-1783), époux de Marie-Madeleine GILBERT, est charpentier. Il exercera au moins jusqu’en 1775. Sa fille Marie-Modeste épousera Jean-Clément FALIGANT (1749-1821) qui travaillera à ses cotés et prendra sa suite en tant que menuisier-charpentier.
  • Le Maçon : Depuis 1730 et au moins jusqu’en 1755, Jacques DEVANNE, époux de Perrine LE MERLE, est maçon. Ses descendants lui succèderont jusqu’à la Restauration.
  • Le Marchand: Antoine GERMON, né en 1727 et décédé après 1791, époux de Jeanne BINET, est marchand.
  • Le Sergent: De 1750 à 1775, Louis LOGEAIS, époux de Renée COCHARD, est sergent chargé de faire appliquer les sentences de la justice Seigneuriale.
A la veille des guerres de Vendée en 1793. (550 habitants)
  • Les Tailleurs d’habits: Malgré ses 70 ans, Pierre DROUET qui était déjà là en 1750 est toujours présent. Il est fort possible que son atelier se soit situé impasse du Cureau, à l’endroit ou figure toujours le linteau photographié ci-dessous. Un autre tailleur d’habits exerce en même temps : il s’agit de Jacques Mathurin GOILOT (1771-1838), époux de Marie-Rose Drouet (veuve de l’aubergiste Félix ROUX) et petit-fils de Jacques GOILOT, déjà tailleur d’habits en 1750.

Linteau impasse michaud

  • Les Tisserands: Pierre-Melaine DROUET (1755-1831) le fils de Pierre DROUET,  Tailleur d’habits ci-dessus, est tisserand. Il épousera successivement Marie-Madeleine BOYDRON et Jeanne GRELIER. Au moins un autre tisserand existe. Il s’agit de Pierre LEVEILLE  (1754-1807) fils de François-Jacques cordonnier en 1750. Il est marié à Jeanne RICHARD. Louis BOYDRON, (1737-1827), originaire des Echaubrognes et futur maire des Cerqueux, est aussi tisserand dans le bourg.
  • Le Cordonnier: Louis  LEVEILLE (1759-1793) a pris la suite de son père François-Jacques comme cordonnier. Il est le frère de Pierre le tisserand ci-dessus. Il sera tué à Château-Gontier lors des guerres de Vendée. Il s’est marié aux Cerqueux en 1786 avec Marie-Magdeleine Baudry. Leur fille Marie-Louise, née en 1789, épousera François Faligant. Les Faligant des Cerqueux en sont les descendants directs. Marie-Magdeleine Baudry devenue veuve épousera un jeune cordonnier, Pierre DEVANNE, qui exercera aux Cerqueux sous l’Empire.
  • L’Aubergiste: De 1789 à 1792, on trouve un Félix ROUX (ou Le ROUX), époux de Marie-Rose DROUET, aubergiste et boulanger. C’est dans son auberge que seront signés, le 4 mars 1789, les cahiers de doléances de la paroisse des Cerqueux.
  • Les Charpentiers:  Jean-Clément FALIGANT (1749-1821) a pris la suite de son beau-père, Joseph DILLON (1711-1783) en tant que menuisier-charpentier. Ses fils Pierre et François prendront sa suite à la fin de l’Empire. Jacques THOMAS (1754-1793), époux de Marie HAY, est aussi charpentier de 1775 à 1793. Il disparaitra, tué outre-Loire à l’automne 1793.
  • Le Maçon : Jacques DEVANNE, époux de Renée FONTENEAU, est maçon depuis 1785. Il succède à son père et à son grand-père qui exerçait déjà en 1750. Peut-être travaille t’il avec François HUDON (1767-1850), époux de Jeanne CLOCHARD, qui est lui aussi maçon depuis 1791.
  • Le Charron: De 1792 à 1835, Pierre COCHARD, époux de Marie LANDRE, est charron. Il combattit pendant les guerres de Vendée et fit état des sinistres importants subis par son commerce pendant le conflit.
  • Le Blanchisseur: En 1790, Louis GROLEAU, époux de Jeanne GUIBERT, est blanchisseur. Il blanchit les toiles et les fils utilisés et produits par les tisserands.
  • Les Marchands: On en trouve au moins trois au bourg à la veille des guerres de Vendée.  Louis-Toussaint GROLEAU, époux de Jeanne COULBEAU et fils du blanchisseur. Pierre CHABEAUTE, né en 1756 et époux de Louise Monneau qui a pris la suite de son père, Pierre. Entre 1784 et 1793, Pierre HAY, époux de Françoise METTEAU, est aussi marchand. Il est le beau-frère du charpentier Jacques THOMAS.
C’est après les guerres de Vendée, leurs morts (plus de 50 combattants aux Cerqueux) et leurs nombreuses destructions (le bourg et la plupart des métairies incendiés plusieurs fois) que l’on verra s’établir un véritable corps artisanal aux Cerqueux. Permettant à la commune de vivre en quasi-autarcie (tout au moins en ce qui concerne les besoins primaires d’habillement, de nourriture et d’outillage) ce corps d’artisans-commerçants perdurera jusque dans les années 1950.
C’est aussi cette période Napoléonienne qui vit l’émergence de ce que l’on pourrait qualifier de dynasties familiales à l’échelle de la commune. Souvent héros des guerres de Vendée, les Marc RABIER le Maréchal-ferrant, Louis PILET le maçon, les frères FALIGANT, charpentier, tisserand ou cordonnier, portent des noms de famille qui résonnent toujours dans la mémoire récente des habitants des Cerqueux.